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Lire sa Bible en public: une porte ouverte à la discussion

© Istockphoto
Le chrétien doit être prêt à témoigner de sa foi à tout moment, avec humilité et simplicité. Témoignage.
Holger Wetjen

Une place piétonne du centre-ville de Toulouse. Le comptoir est ouvert. C’est l’heure du repas de midi et je suis assis à l’une des longues tables, sur un banc. Le garçon a pris la commande. En attendant, je lis ma Bible. C’est l’été. Il fait beau. L’affluence au comptoir est considérable. Un couple arrive. Les deux ont autour de la cinquantaine. Je ne les connais pas encore. Mais Jérôme, le patron du comptoir, les connaît bien: ce sont des amis de longue date. Vu l’heure et l’affluence, ma table reste la seule à offrir des places disponibles. «Je peux vous mettre ensemble?» me demande Jérôme. Je suis d’accord. Le couple s’installe. La dame remarque que je suis en train de lire ma Bible. «Vous lisez la Bible?!» me demande-t-elle, sur un ton étonné. «Oui», je réponds, simplement. «Souvent, la vie me pose des questions. Et dans la Bible, je trouve parfois des réponses très pertinentes à ces questions.» La dame hésite à approuver. C’est à ce moment-là que Jérôme arrive et dépose nos commandes. Il a entendu un bout de notre conversation et s’immisce: «Moi aussi, ça m’arrive de lire la Bible, de temps en temps.» Son amie est stupéfaite. Et comme Jérôme se montre ouvert, je lui demande: «Quel passage lisez-vous en ce moment?» «L’Evangile selon Jean», dit-il en souriant.

Pendant vingt minutes, nous échangeons tous les quatre. Nous discutons de la question de savoir comment la Bible peut nous inspirer et nous aider dans nos questionnements et tracas du quotidien.

Dans cette histoire, Jérôme est le médiateur entre nous quatre. Il se montre ouvert à un échange apaisé grâce à son intervention spontanée - «Moi aussi, ça m’arrive de lire la Bible, de temps en temps». Ainsi, la Bible est admise dans l’univers du couple qui doit s’interroger: si notre ami Jérôme lit la Bible, il doit avoir ses raisons!

Faire preuve d’Humilité, de respect et de curiosité

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Maintenant, imaginons cette situation sans le médiateur Jérôme. Que faire? Ne pas se résigner. Jésus nous encourage: «Quiconque reconnaît publiquement qu’il est mon disciple, je reconnaîtrai moi aussi devant mon Père qui est dans les cieux qu’il est à moi» (Mat. 10, 32). Comment donc agir quand je suis amené à parler de ma foi sans que cela ne soit voulu ni préparé?

Voici quelques postures clés. Tout d’abord il s’agit de rester humble, être juste. Je dis ce que je pense, je ne le cache pas («Votre lumière doit briller devant les hommes», Mat 5, 16). Je n’expose pas ma Bible de façon ostentatoire, mais je ne la cache pas non plus. Je prends en considération les questions que l’autre me pose, à condition qu’il les pose sérieusement.

J’engage une conversation sur la Bible au moment où l’autre m’interroge sur ma lecture. Plus je partage mes convictions avec l’autre, dans les deux domaines des religions et du monde, plus notre échange sur la Bible devient souple, profond et vrai.
Jésus nous enseigne une foi vivante. Ainsi, la Bible parle de notre vie quotidienne: du travail, de l’amitié, de la santé, des relations humaines, de la justice comme de la bonne alimentation.

Mais que faire si l’autre tourne en dérision ma lecture de la Bible? S’il l’interprète comme une atteinte à sa liberté? A mon avis, il faut, dans un premier temps, essayer de sonder la motivation de sa critique. Et ici, nous pouvons différencier deux cas de figure. Premièrement, l’autre peut refuser catégoriquement la lecture de la Bible. Il peut être un rationaliste convaincu, même autoritaire. Il peut être un athée sans compromis, peut-être bloqué par une frustration du passé. Dans ce cas, on ne peut pas avancer bien loin. Et Jésus prévoit ce genre de réactions dans son appel au sacerdoce et conseille aux Douze: «Si les habitants d’une localité refusent de vous accueillir ou de vous écouter, partez de là et secouez la poussière de vos pieds» (Marc 6, 11). Mais ce cas de figure est exceptionnel.

Créer un climat de confiance

Selon mes expériences, nous sommes beaucoup plus souvent face à l’autre cas de figure: des personnes qui sont en recherche. Et pour ces personnes-là, nous devons assumer notre responsabilité de sacerdoce, car Jésus ordonne clairement aux Douze: «Allez plutôt vers les brebis perdues du peuple d’Israël» (Mat. 10, 6). Mes entretiens me permettent aujourd’hui de constater que souvent, des personnes qui affichent un rejet de la religion, sont dans leur vie intérieure en recherche de Dieu.

Echanger sur la Bible en public nécessite deux postures: être curieux et respecter les convictions religieuses de l’autre. Il faut, doucement, entrer dans son univers. Parfois, il faut prendre une «déambulation culturelle». Dans notre conversation au comptoir à Toulouse, avec le couple et Jérôme, nous avons, pendant un bon moment, parlé de nos voyages et de la cuisine: le couple, comme moi-même, connaissons bien le Vaucluse et le Gard. Nous avons échangé sur Avignon et Ile-sur-Sorgues. Je raconte comment, lors d’un pique-nique à Ile-sur-Sorgues, j’ai appris à combiner les pommes de terre cuites et le cantal. A Avignon, je raconte que j’ai appris à aimer la brandade de morue. Nous découvrons que nous partageons des convictions et des expériences. Nous sommes à l’aise et ainsi, nos discussions sur la Bible se développent dans une relation de confiance.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Juillet – Août 2022

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