Lettres à Théophile

Je te remercie pour ta réponse, qui révèle qu’il y aurait encore beaucoup à dire sur les dynamiques et tensions entre unité et diversité. Je te propose toutefois de laisser ce sujet de côté pour nous pencher sur la vie après la mort.
Pour l’aborder en théologie, nous utilisons un terme: «l’eschatologie». Je préfère quant à moi celui d’«espérance chrétienne», qui est une autre manière – plus belle et évocatrice – de parler de la même chose. Cette espérance se dévoile peu à peu tout au long de l’histoire biblique. D’abord portée par les Juifs, elle trouve sa plénitude chez les chrétiens – Juifs et païens – qui ont accueilli le Messie et son enseignement.
L’espérance chrétienne peut être étudiée dans deux perspectives complémentaires. La première concerne la destinée de notre monde, ces «temps de la fin» où nous vivons dans l’attente du retour de Jésus-Christ, de son jugement et du renouvellement de la Création. La seconde s’intéresse plus spécifiquement à la destinée de l’humain, à son rôle et à sa place dans l’Histoire.
La mort interroge. Face à un corps inanimé, l’homme expérimente une sorte de vertige. Même si la personne est matériellement présente, il éprouve douloureusement son absence. Une absence qui ne laisse pas en repos, peut-être parce que, comme toute absence, elle suppose une forme de retour. C’est, je crois, dans cette expérience que se fonde la prise de conscience de la nature spirituelle de l’homme. Nous pourrions dire que la mort révèle, par contraste, le sacré de la vie, et laisse espérer une sorte d’«après».
La Bible nous apprend que la résurrection est en continuité avec notre condition présente: nous habiterons sur cette Terre renouvelée dans des corps glorifiés. J’ai pourtant remarqué que beaucoup de chrétiens sont encore confus à ce sujet, s’imaginant que nous serons des âmes flottantes dans un monde éthéré. Je dois avouer qu’il n’y a pas si longtemps, j’étais moi aussi dans de semblables erreurs. Etudier ce sujet m’a permis d’ajuster ma compréhension et a réellement enrichi ma foi.
L’annonce chrétienne de la résurrection devrait avoir des répercussions très concrètes sur la vision que nous avons de nous-mêmes et sur notre attitude face au monde et à la vie. Quelles sont-elles? Plutôt que de te donner des réponses, je préfère te laisser méditer à ce sujet et me partager tes réflexions dans ta prochaine lettre. J’imagine qu’il y aura là matière à conversation.
Porte-toi bien d’ici là, soutenu par l’espérance glorieuse de la résurrection.

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Décembre 2024
Pour poursuivre la lecture, choisissez une des options suivantes: