Jean-Pierre Graber, dans quelle mesure l’existence de partis chrétiens dans différents pays européens constitue-t-elle une menace pour la laïcité?
Les partis «chrétiens» ne constituent pas une menace pour la laïcité. Ils contribuent au contraire à la vivification du pluralisme sans lequel aucune démocratie ne peut assurer sa pérennité. À mes yeux, les partis «chrétiens» doivent assumer deux vocations : tenter d’inscrire quelques grands principes chrétiens dans la législation des États et se livrer à un travail d’apologétique dans le domaine politique.
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Certains politiciens exploitent le levier religieux pour séduire l’électorat (Italie avec la proposition de Berlusconi d’interdire l’IVG, etc.). Dans quelle mesure les politiques peuvent-ils s’immiscer dans le champ religieux?
Il est absolument inéquitable et intellectuellement insoutenable de vouloir interdire aux politiques de se référer à des valeurs ou à des préférences religieuses dans leurs discours. Il ne viendrait à l’idée de personne d’interdire aux politiques de se réclamer du libéralisme, du socialisme ou de l’altermondialisme. Toutes les positions contraires résultent d’une mauvaise foi évidente qui postule une improbable neutralité en dehors du champ religieux. Je reste convaincu que la laïcité constitue souvent le manteau sémantique qui recouvre un athéisme ou un agnosticisme sourd, tenace et militant. Dans la bouche de plusieurs de ses propagandistes, la laïcité c’est  par exemple le devoir de dire que le monde n’a pas été créé par Dieu et l’interdiction de dire qu’il l’a été par lui.
propos recueillis par Christian Willi

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Avril 2008

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