Le chemin parcouru par les évangéliques en France au cours de cette dernière décennie est tout simplement remarquable. En créant le Conseil National des Evangéliques de France (CNEF) en juin 2010, 70% du monde évangélique a choisi de tourner définitivement la page d’un passé fait de divisions, de «guerres des dénominations» et d’individualisme.
Le chapitre dont ils viennent d’écrire une nouvelle page, avec la première convention nationale du CNEF, les 26 et 27 janvier à Montreuil, scelle la réconciliation et la reconnaissance mutuelle.
Les résultats ne se sont pas fait attendre : hormis lors de la venue de Billy Graham en 1986, jamais un événement du protestantisme évangélique français n’avait suscité pareille couverture médiatique. Lors de la conférence de presse, pentecôtistes et non-charismatiques étaient assis côte à côte pour expliquer à des journalistes encore peu initiés les contours de leur identité commune et de leur unité. Du jamais vu.
Ne nous laissons pas emporter par un excès de candeur. Sans doute que des tensions réapparaîtront autour de questions délicates ou des lignes de démarcation des uns et des autres. Mais le climat a changé. Et le nouveau respect mutuel apportera à coup sûr de la sérénité aux dialogues francs et parfois plus difficiles. Mais surtout, comme cela a été répété lors de la convention du CNEF, les évangéliques pourront se concentrer sur l’annonce de la Bonne Nouvelle.
En Suisse, les évangéliques ont vécu une démarche similaire lors de la fusion de l’Alliance Evangélique Romande avec la Fédération Romande des Eglises et Œuvres Evangéliques, il y a bientôt six ans. L’occasion de dresser un bilan également dans cette édition.
Il y a une quinzaine d’années de cela, la Fédération Evangélique de France avait refusé de laisser son président débattre avec un pasteur charismatique dans nos colonnes. D’autres intervenants, avant d’accepter de répondre à nos questions, nous demandaient à qui nous donnerions la parole dans les articles publiés sur la page d’à côté.
Les temps ont résolument changé. Certes, les évangéliques avanceront peut-être un peu moins vite, le temps de se concerter ; mais ensemble, ils iront assurément plus loin.

Christian Willi

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – mars 2012

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