«Regards croisés sur le protestantisme évangélique», tel était le thème proposé par la pastorale générale évangélique de Marseille le 13 février dernier. À cette occasion, elle avait organisé une table ronde dans l’auditorium de la nouvelle et luxueuse bibliothèque régionale de la ville, chose rendue possible par les excellentes relations qu’entretiennent les différentes communautés religieuses avec la municipalité.

Objectif, se faire connaître
Pour les évangéliques, le but avoué était de se rendre enfin «visibles» auprès du grand public, tout en se distinguant des protestants luthéro-réformés. Une plaquette spécialement conçue pour l’occasion a d’ailleurs été distribuée aux visiteurs et curieux venus assister à la conférence, pour les aider à mieux comprendre et définir le protestantisme évangélique.
Quatre intervenants étaient invités pour donner leur point de vue à ce sujet. Devant près de trois cents personnes, le sociologue et chercheur au CNRS Sébastien Fath a livré une présentation générale du phénomène évangélique en insistant sur la naissance et le développement des Églises évangéliques de Marseille. Sa présentation a été suivie des interventions de trois autres personnalités extérieures au monde évangélique, mais toutes de confessions chrétiennes.
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Le regard lucide d’un prêtre
Le théologien et philosophe Jean-François Colosimo a donné un point de vue orthodoxe, le pasteur Pascal Geoffreoy un avis réformé. Le moment le plus intéressant a certainement été l’intervention de Pierre Brunet, curé d’une paroisse marseillaise?: loin d’être un spécialiste du mouvement évangélique, il a développé ce qui, à ses yeux, étaient quatre de ses qualités et quatre de ses défauts, puisés dans son expérience du dialogue œcuménique. Criant de vérité, ce véritable portrait fut d’ailleurs applaudi des auditeurs?: de manière non exhaustive, on retiendra le fouillis et l’éclatement de l’évangélisme français autant que le dynamisme de son évangélisation, son sectarisme ou tout au moins son manque d’ouverture autant que la clarté de son message biblique.
Cette table ronde a donc été à tout point de vue une réussite?: la qualité des débats et un public nombreux ont amené une visibilité quasi officielle aux évangéliques de Marseille, qui osent enfin se démarquer du grand frère réformé. Cependant, pour transformer l’essai, la pastorale générale est consciente d’une chose: «se compter» n’est pas une fin en soi et doit servir à agir avec les autres acteurs chrétiens de la ville.
Xavier Tracol

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Avril 2007

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