Juliette n’a pas mis les pieds dans une Eglise durant cinq à six ans, après avoir eu le sentiment d’avoir été incomprise par les responsables de sa communauté (lire ci-dessous, page de droite). La crise traversée l’a-t-elle fait progresser? Avec le recul, elle pense que l’«on mûrit si l’on réagit de la bonne manière, si l’on ne reste pas amer. J’avais le désir de pardonner», témoigne-t-elle. Dans son cas, elle affirme avoir expérimenté la fidélité de Dieu. Il n’y a cependant pas de norme: de même que tout le monde ne traverse pas l’adolescence de façon similaire, de même certains poursuivent leur maturation personnelle et spirituelle tout en douceur, là où d’autres passent par des crises fracassantes. L’enjeu fondamental demeure par contre le même: ne pas se déconnecter de Dieu. Et là, force est de constater que la crise ne conduit pas forcément à la maturité si des erreurs sont commises durant ces temps de tempête. Selon Vivianne Haenni, théologienne et coach, une moitié s’éloigne durablement de Dieu, l’autre en ressort grandie. «C’est du 50/50.»
Parmi les exemples positifs, on trouve des gens comme Elie, David ou encore l’apôtre Pierre, remarque le théologien baptiste Louis Schweitzer, convaincu que les crises peuvent être porteuses et fructueuses. «Pierre est allé jusqu’à renier Jésus. Et il a fallu que le Messie, après sa résurrection, remette le disciple debout. Sans avoir complètement changé de caractère, le Pierre d’après l’épreuve s’est montré capable de tenir une place dans l’Eglise naissante que le Pierre d’avant l’épreuve, enthousiaste et velléitaire, n’aurait sans doute guère pu tenir.»