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Les Églises ont-elles voix au chapitre?

La prise de position de l’Église catholique lors de la campagne des législatives en Espagne en février a suscité le tollé dans les rangs anti-cléricaux. Dans une note de la Conférence Épiscopale du 30 janvier, cette dernière dénonçait toute négociation entre un gouvernement et de quelconques mouvements terroristes (tels l’ETA).
Christian Willi

La prise de position de l’Église catholique lors de la campagne des législatives en Espagne en février a suscité le tollé dans les rangs anti-cléricaux. Dans une note de la Conférence Épiscopale du 30 janvier, cette dernière dénonçait toute négociation entre un gouvernement et de quelconques mouvements terroristes (tels l’ETA). L’Église catholique espagnole a-t-elle été trop loin, en montrant du doigt le gouvernement socialiste sans jamais le nommer ? Quelles limites les Églises doivent-elles s’imposer lors de prises de position sur des questions autres que cléricales?
–CREDIT–
Axel Kahn, bioéthicien français, défend l’idée selon laquelle «une société procède de la pensée des libres penseurs, des religions, des athées, etc. Dès lors, les religions n’ont pas de rôle supérieur ou inférieur à celui des autres». Mais à ses yeux, les catholiques espagnols ont dépassé les bornes, en faisant pression sur le plan politique. «Les catholiques français ont adopté une ligne plus raisonnable. Ils rappellent leur position face à l’avortement mais s’abstiennent de donner des consignes de vote.»
Pour le parlementaire UDC chrétien helvétique Jean-Pierre Graber, «l’excellent principe de la séparation de l’Église et de l’État n’implique non pas le silence des religions institutionnalisées mais le fait d’être toutes traitées de manière égale par l’État». À ses yeux, ce droit découle des grands principes de la démocratie libérale et leur donne droit de participer au débat, notamment sur les grandes questions de politique fondamentale.
Avis également partagé par Antoine Garapon, secrétaire général de l’Institut des Hautes Études sur la Justice : «Les religions peuvent revendiquer une grande place dans le débat public, à condition de se considérer comme une voix parmi d’autres». La séparation de l’Église et de l’État explique la situation de tolérance qui prévaut dans de nombreux pays, y compris aux États-Unis.

Et les absolus ?
À la question de savoir si une religion peut opposer à des projets ou à des idées politiques ce qui lui paraîtrait être une vérité absolue, Antoine Garapon répond que «certaines vérités absolues le sont dans les temples, les églises, les synagogues ou les mosquées, mais pas pour la société». Les religions peuvent donc proposer «une» vérité dans le débat, pas plus.
Jean-Pierre Graber rappelle les limites des deux institutions: «Les États ne doivent pas devenir idéocratiques en se muant en propagateurs d’une idéologie officielle et s’abstenir de vouloir instituer une espèce de paradis sur terre. Quant aux religions, elles doivent renoncer à régenter ceux qui ne sont pas leurs adhérents et accepter formellement que ces derniers puissent à tout moment les quitter.»
Christian Willi

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Avril 2008

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