L’enseignement à distance, une offre qui s’étoffe
Peut-on former un pasteur ou un théologien en ligne? Certains cours et pratiques sont pourtant résolument irréalisables à distance des centres de formation, comme l’évangélisation de groupe. Edward Christy, pasteur et enseignant à l’Institut biblique et pastoral baptiste d’Algrange, en France, pointe également les cours de prédication, difficiles à mettre en pratique chez soi. «A distance, l’étudiant n’a pas accès non plus à la bibliothèque de l’institut», poursuit-il. Durant les restrictions sanitaires, la majorité des écoles bibliques ont basculé au contrôle continu ou vers les examens à distance pour les évaluations.
La vie communautaire repensée à distance
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Les responsables de formation sont également plusieurs à mentionner que l’aspect communautaire, lors de l’apprentissage, communique un savoir-être nécessaire aux futurs pasteurs: «Un gros défi logistique et pédagogique» pour Christophe Paya, doyen et enseignant à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine (FLTE).
L’équipe de la Haute école de théologie (HET-PRO), en Suisse, a ainsi, en plus des cours, proposé des cultes en ligne. «Nous mettons en avant la vie communautaire, car on ne peut penser et vivre l’Eglise sans penser et vivre la communauté», estime Jean Decorvet, recteur et professeur de l’école. «Cette vie en communauté est nécessaire à nos yeux pour continuer à fonctionner normalement et garantir que nos diplômes maintiennent le même niveau de formation.» Et donc de s’assurer que cette dimension se retrouve également dans la formation à distance.
Si le covid a bouleversé l’enseignement tel qu’on le connaissait, il a aussi été à l’origine de prises de conscience prolifique: «Ce fut l’opportunité d’œuvrer tous ensemble à la cohésion pédagogique de nos programmes et au discernement des développements futurs», explique Jean Decorvet.
«A Algrange, il y a un amour fraternel qui se vit à travers les repas, la prière commune et les autres moments partagés, qu’il n’est pas possible de goûter à distance», ajoute cependant Edward Christy. «Dans la formation en ligne, il y a un manque de fraternité et de sentiment d’appartenance.»
Le potentiel du distanciel
Walter Loescher, directeur de l’Institut baptiste mosellan, songe à la durée des cursus: «Je crois que la réalité du temps qu’il faut pour une formation complète va décourager surtout les aspirants pasteurs», exprime-t-il. En suivant seulement un cours ici et là en ligne, un apprentissage sur trois ans à l’origine peut s’allonger jusqu’à dix ans. Dans les points positifs, Jean Decorvet relève cependant l’acquisition d’une plus grande autonomie. «Je pense que beaucoup de gens aiment le présentiel», reprend le pasteur baptiste, «mais Zoom a ouvert une porte». L’expérience sur site en elle-même est d’ailleurs en train de «s’enrichir des possibilités du distanciel» avec par exemple, dans le cadre d’un cours présentiel, des intervenants à distance.
La FLTE a déjà mis en distanciel un bachelor complet. La formation, sur six ans, est conçue de manière à être compatible avec l’exercice d’un ministère ou d’un emploi. Dans tous les cas, les écoles bibliques prévoient de renforcer l’offre en ligne. Le tout dans une volonté inclusive qui défendra néanmoins l’exigence qualitative, couvrant les aspects intellectuels et spirituels, mais également et autant que possible, fraternels.
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Mai 2022
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