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Le chrétien et la prédication

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Missionnaire et observateur de la vie des Églises évangéliques en francophonie,Timothée Paton souhaite que celles-ci renouent avec l’annonce de l’Evangile. Et cela passe notamment par la prédication. Troisième et dernier volet d’une tribune. Opinion.

Chaque culte de nos Eglises comporte une prédication. Dieu merci, le sermon est toujours là! Bien que parfois le temps de louange est tellement long que le message se retrouve presque à la fin. Si la prédication est toujours présente, la proclamation de l’Evangile se fait par contre de plus en plus rare. Ces vingt dernières années ont montré le grand déclin de l’annonce du salut en Jésus au sein de nos communautés.

Perdus mais ignorants

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Quand dans nos Eglises les rencontres d’évangélisation ou d’annonce du salut ont cessé, la prédication de l’Evangile n’a souvent pas été préservée lors du culte le dimanche matin. Le sermon est resté, mais la proclamation du salut pour les perdus a, dans la majorité des Eglises, disparu. Certaines Eglises n’ont pas ou plus prêché la repentance et la foi en Jésus à tel point que beaucoup de ceux qui assistent au culte ne savent toujours pas qu’ils sont perdus. Ils viennent fidèlement à l’Eglise, chantent comme les autres, lèvent les mains, donnent même à l’offrande, mais ignorent qu’ils sont perdus.

Non seulement ces âmes précieuses ne savent pas qu’elles sont perdues, mais ceux qui les côtoient et qui pensent être chrétiens n’ont pas conscience de leur propre état de perdition. Le pasteur compte dans sa communauté des sympathisants, mais pas nécessairement des disciples de Christ. Je vois beaucoup de gens chanter à l’Eglise «je suis sauvé, alléluia, je suis sauvé» sans savoir qu’ils ne le sont pas. C’est un peu comme si un célibataire chantait «je suis marié, je suis marié, alléluia, je suis marié». L’Eglise a terriblement besoin de renouer avec la prédication de la Croix! «Chaque jour, dans le temple et dans les maisons, ils ne cessaient pas d’enseigner et d’annoncer la bonne nouvelle de Jésus le Messie» (Act. 5, 42). «Philippe descendit dans la ville de Samarie et y prêcha le Christ. Les foules tout entières étaient attentives à ce que disait Philippe, lorsqu’elles apprirent et virent les signes miraculeux qu’il accomplissait» (Act. 8, 5-6).

La nécessité de l’évangile prêché

Ces dernières années, j’ai commencé à prêcher l’Evangile (ou à l’inclure dans mon sermon) lors des cultes des Eglises que je visite. J’ai été agréablement surpris de voir qu’au moment de l’appel à la conversion, des hommes, des femmes et des enfants se donnent à Christ. Parfois le pasteur semble être le premier surpris de les voir se lever pour recevoir Jésus comme leur Sauveur personnel. Je prêchais un jour l’Evangile à une rencontre de jeunesse. Certains jeunes me regardaient avec attention et avec étonnement. Je me demandais en prêchant si ces adolescents qui fréquentent semaine après semaine l’Eglise avaient déjà un jour entendu l’appel au salut en Jésus. Charles Spurgeon, le célèbre prédicateur anglais, a dit un jour: «Je bâtis toute ma théologie sur ces cinq mots: “Jésus est mort pour moi”.» L’Eglise a aussi terriblement besoin d’une nouvelle génération d’évangélistes. L’Ecriture nous apprend qu’il existe cinq ministères. Aujourd’hui, j’observe que, dans beaucoup d’Eglises, il y a seulement le ou les pasteurs, et le conducteur de louange.

Un grand nombre d’évangélistes ont pris le costume de pasteur. Ils me font penser au jeune David à qui le roi Saül a remis son armure pour combattre Goliath. David portait un habit qui ne lui convenait pas. Mais c’est muni d’une fronde et de quelques pierres qu’il est allé au combat et qu’il a gagné.
L’une des pires choses qui puisse arriver à un serviteur de Dieu, c’est de se rendre compte à la fin de sa vie qu’il a endossé un ministère qui n’était pas le sien. Je prêchais récemment en région parisienne à une pastorale de responsables d’Eglises venus de différentes régions de France. Je les ai interpellés: «Où sont les évangélistes français? Où sont les Luis Palau et les Reinhard Bonnke (photo) français?» Luis Palau, qui fut l’un des plus grands évangélistes du 20e siècle, rappelait souvent qu’il nous faut à la fois témoigner de façon individuelle, de un à un, mais qu’il nous faut aussi proclamer aux foules. L’un ne va pas sans l’autre. C’est ce qui a caractérisé le ministère de l’apôtre Paul, comme celui de Catherine Booth ou de Billy Graham.

Initier des rencontres d’évangélisation?

Jésus parlait parfois avec une seule personne, comme au bord du puits avec la Samaritaine, ou face à un auditoire, comme dans une synagogue ou en plein air. Si évidemment l’évangélisation de manière générale (et sous toutes ses formes) est vitale, cet article veut mettre l’accent sur la nécessité de renouer dans nos Eglises - comme en dehors de nos Eglises - avec la proclamation du salut, d’encourager les ministères d’évangélistes et de recréer des lieux où l’Evangile est annoncé.

Je suis conscient aussi que les rencontres d’évangélisation ne sont pas les seules formes d’annonce de l’Evangile: le Parcours Alpha, par exemple, a permis à des milliers de francophones de découvrir la Bible. Par cet article, je veux simplement inviter les Eglises à renouer avec l’Evangile chanté, témoigné et prêché. La prédication de la repentance et de la foi qui sauve est notre seul espoir. Dans un monde qui chancelle et qui tremble, la proclamation de la Croix est notre seul salut, car «la prédication de la Croix est une folie pour ceux qui périssent, mais à nous qui obtenons le salut elle est la puissance de Dieu» (1 Cor. 1, 18). En conclusion de cette tribune en trois parties, voici une interpellation.

Pourquoi ne pas lancer des rencontres d’évangélisation avec les trois composantes suivantes: la musique et les autres formes d’art qui contribuent à présenter avec puissance l’Évangile, le témoignage où un ou deux invités expliquent comment Dieu a changé leur vie et la prédication où un orateur annonce le message du salut en invitant les auditeurs à se tourner vers Jésus?
Ces trois formes de rendez-vous que j’appelle «les rencontres tabourets» (à trois pieds) peuvent avoir lieu n’importe où: dans une Eglise, une salle des fêtes, un théâtre, un café, en plein air, etc. Ce projet, qui ne met pas en avant une Eglise particulière, a pour seule vocation de communiquer le message de l’Evangile.

Timothée Paton

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Novembre 2022

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