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La liberté de conscience: colonne vertébrale du journalisme évangélique

© DR
Le 5 janvier 1872, l’hebdomadaire «Christianisme au 19e siècle» sortait de presse pour la première fois. Pour son 150e anniversaire, nous revenons sur un siècle et demi de presse protestante évangélique indépendante et sans concession. Ce mois-ci, nous abordons le thème de la liberté.
Benjamin Calmant

Pour préparer cette série sur les 150 ans du magazine, je me suis replongé dans le premier numéro de janvier 1872 et j’ai été frappé par un mot. Un mot qui revenait sans cesse, presque à chaque article. C’était il y a 150 ans et pourtant, c’est un mot que l’on scande aujourd’hui encore dans la rue. «Liberté». Il y a un convoi qui porte son nom, au Canada comme dans le monde bientôt. Serge Reggiani en a fait un titre à succès en 1967. Mais le Christianisme semble le porter comme un fondement depuis ses origines.
Dans le premier numéro, le 4 janvier 1872, l’auteur de l’éditorial le dit sans détour: «Nous sommes des libéraux chrétiens.» Et il enchaîne: «Dieu a créé l’homme libre.» Mais attention, il n’est pas question de n’importe quelle liberté.
L’auteur précise bien: «La liberté, la liberté de la conscience, de la pensée et des résolutions intérieures de l’âme, est donc, pour l’homme, un fait primitif et de volonté divine.» Le journal, dès ses débuts, s’inscrit dans le thème général de la liberté de conscience ou autrement dit, la liberté religieuse.

Une voix pour les sans-voix

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Un article dans le même numéro vient donner du corps à ce propos. Il s’intitule «Le synode» et s’ouvre avec ce paragraphe:
«Quelques personnes, avons-nous lu dans les journaux, se sont jointes aux membres du consistoire de Paris pour remercier M. Le président de la République (Adolphe Thiers, ndlr) et M. le ministre des Cultes (Jules Simon, ndlr) de la convocation du Synode. Si tous les protestants touchés de ce grand acte de justice avaient été présents, le cortège serait devenu immense. La reconnaissance de l’Eglise est générale autant que profonde. Si le bienfait est grand pour elle, l’honneur n’est pas moindre pour ceux à qui elle le doit. Leurs noms vivront à jamais dans les annales du protestantisme français. Le nom de Louis XIV rappelle la révocation de la liberté; leurs noms rappelleront la révocation du despotisme.»

Quelle plume! Nous sommes en 1872, deux ans après la fin du second empire, au tout début de la troisième république. Ici, l’auteur fait s’opposer deux figures: le monarque despote Louis XIV et le Président républicain. Le despotisme dont il est question ici, c’est la révocation de l’édit de Nantes qui a rendu les protestants clandestins en France, sans droit civiques. L’auteur de l’article considère alors que la convocation du Synode signe de nouveau la possibilité pour les protestants, d’exister. La monarchie a voulu faire disparaître les protestants, la République leur fait justice.
«On nous a rendu nos droits; on ne pouvait nous accorder rien de plus.» Ce sont les mots qui suivent. Ces éléments nous rappellent que l’hebdomadaire Christianisme au 19e siècle n’était pas un journal de méditation et de sermon. Son objectif n’était pas simplement de propager une vision de l’Evangile. Le Christianisme se voulait aussi être une voix. Il se voulait être le porte-parole de ceux qui n’en avaient pas eu. Il voulait crier fort l’opinion de ceux qui, pendant 200 ans, ont dû chuchoter. Ce journal ne défendait pas la liberté seulement avec de l’encre et du papier, mais aussi par son existence.

Informer le pays tout entier

L’éditorial du premier numéro le rappelle d’ailleurs fort bien. Si la liberté est de droit divin, elle ne s’oppose pas à la loi divine. Et l’un des buts du journal sera de faire connaître cette loi, non seulement aux chrétiens, mais aussi «au pays tout entier».
Ce n’est pas différent aujourd’hui. Certes, la liberté de culte est largement acquise, surtout depuis 1905 en France, mais aussi depuis 1874 en Suisse. Mais rien n’est définitivement acquis. La récente «loi contre le séparatisme» et les propos du ministre de l’Intérieur français sur les évangéliques en sont un exemple. La loi sur la laïcité à Genève en est un autre. Ailleurs en Europe, comme en Finlande par exemple, on se demande si la Bible ne sera pas un jour un livre interdit.
Oui, nous avons encore la liberté de culte et la liberté de nous exprimer sur nos croyances. Et le magazine Christianisme Aujourd’hui participe à cette liberté. Ce travail journalistique ne vise pas à enseigner l’orthodoxie doctrinale. Mais il vise à informer et les protestants évangéliques et «le pays tout entier» des sujets de société qui nous tiennent à cœur. Le Christianisme Aujourd’hui, c’est la voix des protestants évangéliques.
La liberté reste et restera une colonne vertébrale de notre rédaction. Et il est indispensable que cette liberté puisse continuer d’être imprimée et partagée.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Mars 2022

Dossier: 150 ans

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