La France, les attentats, et la sécurité des Eglises
Suite à l’assassinat du prêtre à Saint-Etienne-du-Vouvray, le 26 juillet, le ministère de l’Intérieur a encouragé les Eglises chrétiennes à renforcer la sécurité des lieux de culte. Il a pris contact avec le CNEF. De leur côté, les préfectures sont passées par les délégués départementaux du CNEF pour transmettre des consignes de sécurité localement, explique Thierry Le Gall, directeur de la communication du CNEF.
Financement de l’Etat
Des agents ont même visité des Eglises et donné des conseils, en tant que spécialistes de la sécurité. Un certain nombre d’Eglises ont renforcé la sécurité des accès et des parkings. Philippe Fauveau, pasteur de l’Eglise de Télégraphe, raconte: «J’ai été contacté par téléphone par la Mission Prévention Commissariat du 20e arrondissement.» Le matin du 2 août, une policière est venue visiter les locaux, et poser des questions sur les célébrations. David Brown, pasteur de l’Eglise de Villiers, dans le 17e, a également reçu un coup de fil dans la semaine, suivi d’un mail et de la visite au début du culte de deux policiers «très polis».
Les pasteurs ont été informés des subventions possibles pour du matériel de sécurité. L’Etat français est prêt à financer 80% du prix des caméras de vidéosurveillance. Thierry Le Gall indique que «ces recommandations ne sont pas nouvelles. Elles avaient déjà été données il y a deux ans. Là, c’était un simple rappel, fait au lendemain de l’attentat. Cette fois-ci, comme c’est un culte chrétien qui a été touché par une agression terroriste, le Ministère de l’intérieur a jugé important de sensibiliser les Eglises évangéliques.»
Ces dernières se sentaient jusqu’ici moins concernées par la menace terroriste que les synagogues ou Eglises catholiques. Mais Thierry Le Gall juge que ces recommandations doivent être prises au sérieux: «C’est à chaque Eglise de prendre des mesures, avec l’aide de ses bénévoles, et en se rapprochant de la préfecture.»
Celia Evenson
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui septembre 2016
Faut-il financer des lieux de culte?
Le 29 juillet dernier, Manuel Valls a évoqué la possibilité d’un financement public des mosquées. Il espérait ainsi mettre fin aux flux financiers de l’étranger, et à l’influence qui l’accompagne. Mais l’idée a été balayée aussitôt par le président Hollande. Qu’en pensent les évangéliques? Le CNEF n’a pas pris de position officielle à ce sujet. Pourtant, son président, Etienne Lhermenault, juge qu’un financement étatique de l’islam est une «fausse bonne idée» qui ne résoudrait pas les problèmes qu’il est censé régler. Il rappelle que les évangéliques sont majoritairement contre le financement public des lieux de culte. Ils préfèrent une «séparation nette» des Eglises et de l’Etat, «par conviction, mais aussi car l’histoire a prouvé que de telles subventions s’opéraient souvent au détriment des Eglises». Pour Etienne Lhermenault, la proposition du Premier ministre n’a sans doute pas été forcément mûrement réfléchie. «Elle est le symptôme d’une dérive globale, d’un bonapartisme qui ne dit pas son nom, pour mieux contrôler le religieux.» La remise en cause du financement étranger des cultes inquiéterait-elle les évangéliques? Par le passé, des fonds, surtout américains, ont contribué au développement de l’évangélisme français. Le président du CNEF juge qu’elle n’aurait pas un grand impact: «Les évangéliques dépendent de moins en moins des capitaux étrangers, sauf exception.» Le CNEF salue en revanche la sortie en août d’un guide pratique du ministère, Gestion et construction des lieux de culte. Celui-ci explique les dispositions légales facilitant la coopération entre mairies et Eglises, comme par exemple les baux emphytéotiques accordant la jouissance de terrains pour un coût symbolique. «Cela devrait permettre de fluidifier» les rapports avec les élus locaux, qui ignorent souvent ces dispositions. Et peut-être rétablir l’équité avec l’islam, qui en a bénéficié plus que les évangéliques jusqu’ici.
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