Jésus, la concubine et Gisèle Pélicot
Avez-vous déjà entendu: «Un bon chrétien devrait vivre en tenant la Bible ouverte dans une main, le journal (ou sa tablette) dans l’autre»? A savoir, un équilibre entre une présence incarnée dans ce monde en lisant les faits d’actualité et ce qui s’y passe, et une lecture nourrie de l’autre côté par les réalités divines et la culture du Royaume de Dieu. C’est ce que nous, chrétiens modernes, nous efforçons de pratiquer, même si l’équilibre n’est pas toujours évident. La Bible, dans une main, nous permet de discerner ce que nous rapporte le média que nous tenons dans l’autre. Et l’erreur serait d’utiliser le chemin inverse, à savoir discerner ce que nous lisons dans la Bible à travers le prisme de l’actualité. Mais que faire quand les deux textes sont similaires? Que faire quand ce que nous lisons dans l’actualité, se trouve en presque tous points similaires à ce que nous lisons dans la Bible?
Depuis quelques semaines – et attention le thème est grave, j’en conviens, mais il mérite d’être commenté – l’ouverture du procès de Mazan a défrayé l’actualité française d’abord, puis internationale. Un procès public – car la victime a refusé le huis clos – qui fait déjà date dans l’histoire de la justice française. Effarés, nous lisons le terrible sort que Dominique Pélicot a réservé à sa femme Gisèle, la droguant pendant plus d’une décennie pour qu’elle soit abusée, à son insu, par des dizaines d’hommes. Le procès durera jusqu’en décembre, et ce sont plus de cinquante individus qui se trouvent sur le banc des accusés. Une sorte de paroxysme du mal.
Nous chrétiens, ne manquerons pas d’avoir une impression de déjà-vu. De déjà-lu. Le paroxysme de l’horreur que nous propose l’histoire du Lévite et de sa concubine en Juges 19, à l’époque où «tout le monde faisait ce que bon lui semblait en Israël». Elle est livrée par son mari à des citoyens mal intentionnés qui abusent d’elle toute la nuit, puis la délaissent, inconsciente sur le seuil, le pas de la porte, au petit matin. Une histoire que nous ne lisons pas à nos enfants avant de les coucher – et que nous ne lisons même pas pour nous-mêmes, sauf pour qui traverse la Bible d’un bout à l’autre.
Oui, le thème est grave, mais revenons à la question qui nous intéresse: que faire quand ce que nous lisons dans l’actualité se trouve en presque tous points similaires à ce que nous lisons dans la Bible? La réponse est simple: chercher l’espoir, le guetter, le trouver. Et en Juges 19, il se trouve sur le seuil. Le pas de la porte. Car dans le contexte de Juges 19, cette concubine a été livrée à la place de son mari et son hôte, sur le seuil de la porte, pendant qu’eux étaient en sécurité à l’intérieur. Le seuil de la porte nous renvoie à Exode 12. Quand le sang d’un agneau, étalé sur le seuil, les linteaux de la porte, protège de l’ange de la mort les Israélites qui se trouvent à l’intérieur. Puis dans le Nouveau Testament, aux paroles de Jésus: «Je suis la porte» en Jean 10, l’un des grands «Je suis» de notre maître. Jésus, qui en se livrant à la mort à notre place, nous protège, nous sauve mais surtout, nous délivre de nos péchés, de notre décadence humaine.
La justice humaine qui est en cours – bien que tout à fait nécessaire – ne sera pas, ultimement, en mesure de restaurer Gisèle Pélicot et de lui rendre la dignité qui lui a été volée. Mais la bonne nouvelle, quand on lit la Bible dans une main, l’actualité dans l’autre, c’est bel et bien l’espoir.
C’est de connaître Jésus, qui rejoint à la fois Gisèle Pélicot et la concubine sur le pas de la porte. Jésus qui s’est fait «porte» en mourant à notre place, se faisant ainsi victime et sacrifice. Jésus qui après sa mort est ressuscité et est donc capable de restauration ultime.
Discerner l’actualité à travers le prisme de la Bible, c’est chercher et trouver l’espoir, puis le partager, annoncer la bonne nouvelle de Jésus à ce monde . En résistance déterminée contre le mal.
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