«Je dois ma vie à quelqu’un qui a bien failli ne pas naître»
Claire referma le livre de contes et s’attendrit devant les frimousses émerveillées des petits élèves assis en tailleur devant le tableau noir. Par la fenêtre, on voyait tomber de gros flocons laineux. Elle jeta un rapide coup d’œil à l’horloge et annonça que l’école était finie. Le cercle attentif des lutins se transforma en un tourbillon joyeux qui dévala bientôt les escaliers de cette petite école de campagne.
L’institutrice demeura une minute seule dans la classe embaumée par les branches de sapin. Elle enviait le regard émerveillé des enfants. Elle caressa son ventre à peine arrondi et se dit qu’il était temps de se rendre chez le médecin.
Sur la route de l’hôpital, elle éprouva ce mélange d’émerveillement et de malaise qu’elle ressentait souvent à l’approche de Noël. Le clocher de l’école enneigé, les pastels d’un ciel d’hiver, les lumières aux fenêtres, tout évoquait la douceur de sa vie enchantée par la venue d’un bébé. Mais la course aux cadeaux, les étalages de nourriture abondante, les multiples sollicitations lui donnaient cette nausée dont elle ne savait pas très bien si elle était passagère ou liée à ce vertige d’une fête vidée de son sens. «Seigneur, murmura-t-elle, je voudrais tant que tu me surprennes à nouveau par ta venue extraordinaire.»
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