Inde: attaques contre les chrétiens du Chhattisgarh
«Convertis-toi à l’hindouisme ou paies-en les conséquences!» De nombreux chrétiens de l’Etat indien du Chhattisgarh affirment avoir reçu cet ultimatum en décembre avant de voir leurs maisons saccagées et de fuir leurs villages, rapportent RFI et la presse locale indienne. Dans cet Etat pauvre du centre de l’Inde, des villageois habitant dans les zones dites tribales (ou adivasis) sont pris pour cible par d’autres groupes tribaux hindous du fait de leur conversion plus ou moins récente au christianisme. Entre le 9 et le 18 décembre, une série d’attaques a eu lieu dans environ dix-huit villages des districts Narayanpur et quinze villages de Kondagaon.
Pour Arun Pannalal, président du Forum des chrétiens du Chhattisgarh, interviewé par RFI, ces attaques sont orchestrées et coordonnées depuis la période de Noël. Il déplore 200 blessés et 1000 familles qui ont dû fuir dans des camps gouvernementaux. Ce responsable religieux dénonce également l’attitude passive des autorités. «La police ne s’interpose pas. Au contraire, elle demande de renvoyer les familles dans leurs villages. Du coup, certains se sont organisés pour affronter les groupes extrémistes hindous. En représailles, deux églises ont été attaquées.»
L’influence des médias sur la narrative
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Ainsi les 1er et 2 janvier, des églises ont été attaquées et plusieurs policiers ont été blessés, dont le surintendant de la police (SP) Sadanand Kumar. Sa photo tenant sa tête saignante a fait la Une de nombreux journaux. Mais pour la journaliste Jyoti Punwani, dans une chronique du Deccan Herald, c’est l’image d’un jeune homme frappant à plusieurs reprises la statue de Marie devant une église à Narayanpur, largement relayée sur les réseaux sociaux qui aurait dû faire la Une.
Tout en dénonçant l’inaction de l’administration, elle s’interroge: «Cette vidéo deviendra-t-elle l’une de nos images déterminantes (de l’histoire indienne, ndlr), comme les images de vandales martelant les dômes de la mosquée Babri Masjid à Ayodhya le 6 décembre 1992?» Pour rappel, les émeutes, affrontements et attentats qui avaient suivi la destruction de cette mosquée de l’Uttar Pradesh avaient coûté la vie à près de 2000 Indiens, majoritairement musulmans, dans les semaines qui avaient suivi. Des manifestations ont eu lieu devant la cathédrale du Sacré-Cœur de New Delhi le 8 janvier pour dénoncer les violences et appeler à la paix.
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Février 2023
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