Il était une foi…
En ce début 2016, à quelques kilomètres de Battambang, au nord-ouest du Cambodge, sont réunis une cinquantaine de pasteurs, responsables chrétiens et évangélistes du pays. Un rassemblement comme beaucoup d’autres dans le monde… Et pourtant! Le missionnaire français Timothée Paton ne pourra jamais oublier cet événement exceptionnel. Les orateurs se succèdent. A la pause, Timothée parle à l’un des pasteurs présents. Il est également responsable de nombreuses Eglises locales. Cet homme, borgne, a du mal à marcher. C’est lui qui, un peu plus tard, conduit le temps de Sainte-Cène, sur l’estrade.
En fait, ce serviteur de Dieu porte les stigmates de la guerre civile des années 70. Mais il se trouvait alors du côté des Khmers Rouges! Il a même survécu à une attaque au cours de laquelle onze soldats de son groupe ont été massacrés. A l’époque, ses mains de militant ont dû exécuter de pauvres victimes comme le voulaient les criminels génocidaires, c’est-à-dire en les éventrant pour en arracher le cœur. Ces mêmes mains présentent aujourd’hui les éléments de la Sainte-Cène. Timothée Paton sait que, parmi les chrétiens présents, se trouvent d’autres tortionnaires de l’époque. Un jeune homme rejoint l’ancien Khmer Rouge sur l’estrade, se place devant le synthétiseur et commence à jouer Amazing Grace. A ce moment-là, la présence de Dieu est palpable. Saisi par l’émotion, le missionnaire français comprend qu’il vit un grand moment de profondeur divine, perdu dans la campagne cambodgienne, partageant le pain et le vin de la nouvelle alliance avec des hommes qui furent parmi les plus cruels, sur la mélodie de la grâce infinie.
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui mai 2018
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