Il était une foi…
«Venez écouter la Parole de Dieu!» C’en est trop pour Edoh. Il déteste ce professeur de français chrétien qui affiche sa foi au collège et vient maintenant évangéliser dans son propre village. Edoh veut se débarrasser de l’enseignant.
Né dans le sud du Togo dans les années 70, l’adolescent est fils et petit-fils de grands prêtres animistes exerçant avec autorité leurs dons surnaturels parfois maléfiques. Edoh a déjà participé à des rituels magiques, souvent sanglants, destinés à apaiser ou à exciter les esprits occultes. Et ses qualités de féticheur l’ont rendu populaire au collège. Il n’est donc pas impressionné par ce professeur prétendant que Jésus est ressuscité. Après tout, son grand-père sorcier n’est-il pas ressuscité en son père puis en lui, Edoh?
Il doit neutraliser ce chrétien présomptueux. Mais au moment de passer à l’action, un vent rafraîchissant saisit son corps. Il se sent libre de tout, hors du temps et de l’espace. Sa hargne est remplacée par une vague d’amour. Il admire même l’audace de l’adulte, à qui il veut ressembler… Il le retrouve au cours biblique du collège le lundi suivant. Une prière à Jésus libère totalement Edoh jusqu’alors dépendant de gris-gris et de fétiches protecteurs.
Sa conversion est réelle: il va ensuite brûler les amulettes et souvenirs de son ancienne vie. Ses parents l’accusent de devenir fou. Le village est en émoi et chasse Edoh pour le faire juger par le préfet. Mais celui-ci confie Edoh à son professeur. Avec lui, sa foi se fortifie. Et l’ancien sorcier commence à évangéliser. Avec succès. Après des études théologiques, Edoh Fiozandji devient un grand propagateur de la foi, dans toute l’Afrique, jusqu’à son brutal décès à l’aube de cette décennie 2020.