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Identité protestante: Calvin en Amérique

Visuel de l'exposition «Calvin en Amérique» mise sur pied au Musée international de la Réforme (MIR) de Genève.
© Musée international de la Réforme (MIR) de Genève
Sur les traces du protestantisme dans l’histoire américaine, l’exposition «Calvin en Amérique» présente objets, histoires et récits témoignant de la diffusion de l’Evangile dans le Nouveau Monde.
Sandrine Roulet

L e 26 novembre 1620, le Mayflower accostait au Massachusetts avec à son bord des protestants anglais (les Pères Pèlerins) cherchant une terre où exercer librement leur foi réformée. C’est pour marquer le 400e anniversaire de cet événement fondateur pour les Etats-Unis, que l’exposition «Calvin en Amérique» a été mise sur pied au Musée international de la Réforme (MIR) de Genève. «Nous voulions interroger sur l’identité protestante et religieuse des Etats-Unis dans l’histoire et aujourd’hui», développe le directeur Gabriel de Montmollin.

Bibles chargées d’histoire

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Mais ce choix est aussi lié à l’une des pièces importantes du musée, la «Geneva Bible». Cette Bible a traversé l’Atlantique avec les Pères Pèlerins et a été celle des premiers colons. «Les Américains qui visitent le MIR sont toujours émus de voir cet exemplaire de la Bible. Cela valait la peine de capitaliser dessus», confie le directeur. Autre Bible chargée d’histoire exposée, la Slave Bible. Conçue par les Blancs pour les esclaves noirs, elle n’incluait pas le livre de l’Exode, afin de ne pas donner à ces derniers des idées de liberté.

Des prêts américains

Une trentaine d’œuvres originales et pièces de l’exposition ont été prêtées par des musées américains. Parmi les documents à ne pas manquer, la première Confession de foi baptiste imprimée par Benjamin Franklin, l’un des pères de l’indépendance américaine. Ou encore la première page de la première Bible en langue algonquin, exposée avec le coquillage grâce auquel les missionnaires appelaient les Amérindiens à la prière.

Gabriel de Montmollin se dit aussi impressionné d’héberger le plus vieux livre d’histoire américain (1721). Sans compter d’autres objets témoignant de la diffusion de l’Evangile dans le Nouveau Monde.

Témoignages audio-visuels

L’exposition dévoile aussi des témoignages audio-visuels de l’influence du protestantisme, comme de célèbres cantiques, des musiques quakers, des extraits de films ou encore une prédication de Billy Graham, «pasteur de l’Amérique» et confident des présidents. D’ailleurs, la relation des présidents américains avec la religion est aussi abordée: «Nous avons identifié dans les discours présidentiels de John Kennedy, Ronald Reagan ou encore Barack Obama, entre autres, la récurrence des termes a city upon the hill tirés de Matthieu 5», souligne Gabriel de Montmollin. Et de commenter que «les Etats-Unis se sentent appelés à être une nation exemplaire qui doit briller devant les autres nations».

En trois dimensions

Mais une expérience virtuelle attend encore le visiteur: équipé d’un casque, il sera transporté pendant cinq minutes sur le pont du fameux Mayflower! Inaugurée le 28 octobre, l’exposition a dû fermer temporairement en raison des restrictions sanitaires. Mais le public aura tout loisir de la visiter jusqu’au 28 février 2021, voire peut-être davantage.

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Trois questions à Gabriel de Montmollin, directeur du MIR:

Qu’avez-vous appris sur les protestants américains?

Les Américains sont très imprégnés par la foi en Dieu, mais très tolérants sur l’identité de ce Dieu. Ils ont de la peine avec l’athéisme, mais pas du tout avec la diversité religieuse. Cela explique aussi la grande variété des familles religieuses. Depuis ici, on a tendance à caricaturer «ils sont tous ainsi» mais il y a des variations très subtiles.

Selon une enquête statistique réalisée pour votre expo, seuls 20 % des Suisses croient en Dieu contre 55% des Américains. Qu’est-ce que cela vous inspire?

D’abord, que les Américains n’ont pas peur d’évoquer leur foi et qu’être croyant est quelque chose de normal. Une partie des Suisses ne veulent peut-être pas s’exprimer sur cette question, qui relève pour eux de la sphère privée. En Europe, les positionnements religieux depuis le 17e s. ont été divers avec les Lumières, la science, etc. Le développement du protestantisme a été «travaillé» autrement. Les Etats-Unis, qui étaient un pays neuf, se sont appuyés sur l’Ancien Testament pour leurs premiers codes de loi, car ils n’avaient pas d’autres outils.

L’éthique protestante du travail, qui favorise l’esprit d’entreprise, permet-elle d’expliquer l’élection en 2016 d’un homme d’affaires comme Donald Trump?

La «success story» des Américains est alimentée en grande partie par cet esprit d’entreprise protestant. Le protestantisme et la Réforme se sont développés comme dans un laboratoire aux Etats-Unis. Quand les Pèlerins sont arrivés, ils n’avaient pas de concurrents (ni catholiques, ni monarchie etc.). Si quelqu’un n’était pas d’accord avec son pasteur, il allait fonder son Eglise à 100 km de là. Avec cette idée : «Si tu ne réussis pas ici, tu peux essayer ailleurs ou une nouvelle fois».

Sandrine Roulet

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui décembre 2020

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