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Greta Thunberg, le courage des prophètes

© Istockphoto
Une réponse à la tribune libre de Samuele Furfari publiée dans l’édition de mai.

Dans sa tribune publiée au mois de mai, Samuele Furfari, professeur de géopolitique de l’énergie et président de l’Association des Eglises protestantes évangéliques de Belgique, s’en prend à Greta Thunberg et à l’Université d’Helsinki qui lui a décerné le titre de docteur honoris causa en théologie en reconnaissance à son action militante pour le climat. Samuele Furfari y voit l’expression d’un paganisme latent dont serait imprégné le christianisme européen. Il interprète la remise en question de nos modes de consommation par le mouvement climatique comme une négation de la foi chrétienne, dont le progrès matériel en serait une expression directe. Finalement, il dénonce ce qu’il appelle la peur climatique et nie le consensus de la communauté scientifique sur l’origine humaine du réchauffement climatique et ses conséquences attendues.

Trois erreurs

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Samuele Furfari fait trois erreurs de fond sur le sujet. La première est la superposition de la foi avec le progrès matériel. Les paroles du Christ et des apôtres ne nous laissent pas ce choix, qui est un pur produit du matérialisme athée. Détruire la Création et abuser de ses ressources jusqu’à l’épuisement, ce n’est pas être à l’image de Dieu. Le progrès matériel n’est pas toujours bon, ni utile. L’abondance est une conséquence heureuse de la foi en Dieu, mais jamais garantie ni un but en soi. La créativité, aujourd’hui, c’est justement inventer de nouvelles manières de faire pour ne plus détruire le climat et la nature. La deuxième erreur est la négation des lois naturelles que Dieu a mises en place dans sa Création.

Nier les preuves scientifiques sur les origines humaines du réchauffement climatique et discréditer la communauté scientifique pour la remplacer par quelques experts n’ayant aucune preuve scientifique à présenter revient à s’inventer sa propre réalité pour éviter de devoir revoir ses dogmes, en l’occurrence la foi dans le pétrole. Et utiliser la toute-puissance de Dieu comme prétexte pour se déresponsabiliser des conséquences de ses actions, c’est refuser le mandat biblique que Dieu nous a donné de cultiver et garder sa Création. La troisième erreur est de limiter la portée de la théologie à la seule sphère spirituelle. La Bible, dans sa totalité, affirme que Dieu s’intéresse à toute notre vie. La question climatique est centrale pour le futur de l’humanité sur cette Terre. L’Université d’Helsinki l’a rappelé et a redonné à la théologie sa dimension universelle.

Le salut commence déjà ici

Certes, le paganisme revient par la petite porte et trouve un terreau favorable dans une société sans Dieu qui veut se reconnecter à la nature. Mais il progresse aussi lorsque les chrétiens sont incapables de présenter l’Evangile comme la réponse aux défis de leur époque. Le christianisme s’est répandu parce que l’amour de Dieu a été démontré, d’abord par Jésus-Christ, et ensuite parce que l’amour des premiers chrétiens pour leurs contemporains a eu un impact transformateur. Le salut promis aux croyants commence déjà ici-bas. Qui aura envie de croire en notre Dieu d’amour si nous ne laissons que désolation climatique et gloutonnerie égoïste de ressources derrière nous? Ayons le courage de changer! Que son style plaise ou pas, Greta Thunberg a eu ce courage, un courage prophétique. Chrétiens et chrétiennes, nous pouvons nous en inspirer.

Steve Tanner, président d’A Rocha Suisse, ancien responsable de recherche à l’EPFL, CTO et co-fondateur d’Ecorobotix, membre du Parti évangélique

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Juillet – Août 2023

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