Envoyé Spécial sur les évangéliques: entre clichés éculés, réactions et pistes de réflexion
L’article est en trois parties :
1) Le résumé du reportage
2) Quelques réactions
3) Une analyse sous forme de parti pris
Le reportage d’Envoyé spécial, diffusé ce jeudi 25 septembre 2025 sur France 2, sous le titre accrocheur «Evangéliques, un succès pas si angélique?», a sans surprise suscité une vague de réactions dans la sphère évangélique. Attendue au tournant, l’émission s’est révélée être un mélange d’amalgames médiatiques classiques, de séquences déontologiquement discutables, mais présente aussi, de façon paradoxale, une occasion de réflexion sur certaines pratiques internes au mouvement.
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Chapelet de clichés
Dès le lancement du sujet par Elise Lucet le ton est donné: le reportage, visiblement à charge (au vu du titre et du communiqué de presse, on pouvait s’y attendre) , enchaîne les imprécisions sémantiques soulignant un manque de connaissance élémentaire du protestantisme évangélique et peut-être plus largement du fait religieux. L’usage des termes «temples», «messes» et «prêtres» à la place d’«églises», «cultes» et «pasteurs» n’est qu’un prélude à une série de lieux communs sur les évangéliques: l’ambiance de «boîte de nuit» des megachurches, des fidèles qui «suivent la Bible à la lettre» et «aiment conquérir de nouveaux fidèles pour, pensent-ils, sauver leurs âmes de l’enfer».
Toujours est-il que l’ambition du reportage d’Envoyé Spécial est de décrypter «l’essor fulgurant» du mouvement évangélique en France, qui ouvre un nouvel édifice tous les dix jours, tout en explorant les inquiétudes liées à ses potentielles dérives sectaires et psychologiques. Sur le papier, la promesse est intéressante. Dans les faits le manque de connaissance manifeste du sujet, de nuance et les fréquents amalgames rendent le contenu indigeste.
Résumé du reportage «Evangéliques, un succès pas si angélique?»
L’Eglise MLK de Créteil est présentée comme le symbole de cette croissance, transformant le culte en un véritable «show». On y voit le pasteur Ivan Carluer en coulisse de l’un de ses cinq cultes du week-end – où il livrera «le même contenu, la même émotion» – préparer ses «punchlines» sur son prompteur et vanter son écran à 360 et glisser quelques tacles discrets aux autres Eglises moins accueillantes, moins confortables ou trop intellectuelles. Le tout en se présentant (ou du moins c’est ce que rapporte Envoyé Spécial) «comme un simple homme de Dieu qui ne cherche pas la lumière». Le reportage insiste sur les dons – 3,9 millions d’euros – reçus par MLK en 2023, signe d’une ferveur de la part des fidèles.
Une ferveur qui conduit, toujours selon Envoyé Spécial à l’adoption d’un «ultraconservatisme rigide» et d’une vision du monde dominée par le surnaturel. On fait ainsi la connaissance de Martine, Belge de 36 ans qui a découvert Jésus via des prédications de l’Eglise MLK sur Internet. Toutes les deux semaines elle fait 4h de trajet depuis les Ardennes belges pour se rendre au culte à Créteil. Envoyé Spécial la suit dans sa voiture et chez elle. La voix off et les questions posées par les journalistes s’étonnent de l’adoption par Martine jusqu’alors féministe «d’idées radicales» : telles l’avortement est un «meurtre», l’homosexualité un «péché», son rejet de films présentant des scènes de sorcellerie et la prière trois fois par jour.
Guérison divine et homosexualité
Envoyé Spécial enchaîne avec une séquence chez l’influenceur David Antoine (présenté comme affilié à l’Eglise de la Porte ouverte chrétienne de Mulhouse) affirmant que le Christ libère les homosexuels en les rendant hétérosexuels et croyant aux guérisons divines. Le reportage semble suggérer une confusion entre le métier de David Antoine – kinésithérapeute – et sa pratique de la prière de guérison, contrairement à ce que lui affirme. L’émission s’attarde en s’étonnant des cultes qui encouragent l’exaltation du surnaturel et la recherche de l’«état secondaire» lors de prières intenses, comme aux ateliers MLK.
Par des témoignages, le reportage souhaite ensuite mettre en lumière les conséquences psychologiques et sociales de ces pratiques à travers le témoignage de ceux qui ont quitté le mouvement. Laurie, «déconvertie» après dix ans dans une Eglise évangélique, raconte avoir frôlé la folie en étant persuadée d’être possédée alors qu’elle faisait des crises d’angoisse. Elle dénonce un discours «paranoïaque» qui l’a poussée à voir le monde à travers un prisme «complètement irréel» et qui s’apparente pour elle à de la «torture psychologique».
Des déçus de l’évangélisme
Laurie, sa sœur Aurélie et son beau-frère Hugo (ancien pasteur) dénoncent le caractère «sectaire» de leur ancienne Eglise à Dijon. Ils décrivent l’embrigadement des jeunes, le contrôle total des choix de vie (mariage rapide, projets bébé, interdiction de fréquenter des non-chrétiens), l’isolement et la pression financière (ils témoignent avoir donné leur «livret A» à l’Eglise). Hugo regrette d’avoir manipulé la vie de ses anciens fidèles quand il était pasteur. Il assure que les pasteurs cherchaient à générer un état de transe pour que les fidèles se sentent bien et pensent que la parole qu’ils donneraient derrière est «inspirée de Dieu». Il dénonce aussi la «surinterprétation» fréquente de la Bible sur les questions de mœurs.
Le témoignage de Thomas, jeune lyonnais, est ensuite utilisé pour illustrer la souffrance causée par les thérapies de conversion (interdites en France depuis 2022). Son pasteur lui a imposé des prières de «guérison» pour ses «attirances homosexuelles», raconte-t-il, l’obligeant à une «prière d’autoflagellation» pour «renoncer» à son identité, ce qui a provoqué chez lui un rejet de soi et une crise psychiatrique.
Entretien pastoral en caméra cachée
Retour à MLK. Une journaliste se présente en caméra cachée comme une femme lesbienne lors d’un entretien pastoral. La pasteure lui conseille l’abstinence sexuelle et lui propose un choix entre la «vie ou la mort» (spirituelle) pour plaire à Dieu.
Interrogé sur ces propos, le pasteur Ivan Carluer refuse de répondre par oui ou non à une question qu’il juge plus complexe et nuancée. Il assure conseiller l’abstinence également à des hétérosexuels et nie toute pratique assimilable à une thérapie de conversion, quittant l’interview outré, s’étant senti piégé.
Le reportage se termine en affirmant que les plaintes à l’encontre des Eglises évangéliques sont en nette augmentation auprès de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).
2) Réactions : Les évangéliques dénoncent un reportage à charge
Plusieurs voix de l’évangélisme francophone et du protestantisme en général ont exprimé leur indignation face à ce qu’elles perçoivent comme une approche réductrice et sensationnaliste.
Dans un communiqué de presse diffusé le 26 septembre et signé par son président Erwan Cloarec et son bureau, le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) a déploré un «reportage stigmatisant» et exprimé le «choc ressenti par les protestants évangéliques» de l’émission Envoyé spécial: «Évangéliques : un succès pas si angélique ?» sur France Télévisions.
«Ce reportage est une attaque manifeste envers le protestantisme évangélique et la foi chrétienne dans son ensemble», déclare le CNEF. «Assimiler l’évangélisme à un mouvement « ultraconservateur », homophobe, et le présenter essentiellement à travers une mise en scène orientée revient à stigmatiser les 1,2 millions de protestants évangéliques de France et plus largement tous les chrétiens français.» Le CNEF déplore les choix journalistiques discutables: questions orientées, montage à charge sans aucun expert consulté, raccourcis et amalgames. Des procédés qui «créent de la suspicion et alimentent des préjugés infondés» et «constituent un terreau fertile à des logiques de discrimination et de stigmatisation».
Fiers de croire au Dieu de la Bible
Demandant une reconnaissance la liberté de conscience, de pensée et de religion des évangéliques, le CNEF rappelle sa fierté «de croire au Dieu que nous rencontrons dans la Bible: un Dieu vivant, aimant, agissant concrètement aujourd’hui encore en réponse à la prière». «Nous défendons en cela nos convictions bibliques, notre liberté de prier et d’accompagner chacun dans une foi choisie, épanouissante et vécue de manière authentique. Nous sommes dans ce sens engagés, en lien avec la Miviludes, dans une lutte contre les dérives sectaires et contre les thérapies de conversion», poursuit le communiqué.
Un signalement à l’ARCOM en cours de préparation
Afin de «défendre ces libertés fondamentales» et «garantir le pluralisme d’opinions dans la sphère publique», le CNEF informe avoir contacté le ministère de l’Intérieur à ce sujet, prépare un signalement à l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM). Le CNEF invite les journalistes qui le souhaitent à assister à un culte évangélique inter-Églises qui aura lieu le 5 octobre dans plus de 90 villes à l’occasion des Célébrations 2025.
Egalement via un communiqué publié le 26 septembre et signé par son président Christian Krieger, la Fédération protestante de France (FPF) a exprimé sa vive préoccupation «face à des méthodes journalistiques contestables et au risque d’amalgames préjudiciables». Selon la FPF, les «Eglises évangéliques représentent une composante vivante et dynamique du protestantisme français» et l’Eglise Martin Luther King (MLK), membre de la FPF, est l’une des plus grandes «Mega Church» en France. Une Église engagée dans le dialogue, l’ouverture et la participation active à la vie sociale et ecclésiale, assure la FPF.
Une approche «tronquée» selon la FPF
La FPF «déplore que ce reportage ait choisi de présenter les Eglises évangéliques à travers le prisme réducteur des excès de quelques-uns, sans nuance ni véritable expertise». Une approche «tronquée» qui «occulte la richesse et la vitalité d’une Eglise évangélique comme MLK, qui apporte beaucoup à ses membres, à la société et au protestantisme dans son ensemble».
L’Eglise Martin Luther King (MLK), au cœur du reportage, avait réagi par un communiqué de presse dès 20h, avant la diffusion. Le synopsis, évoquant «méthodes d’emprise», «marketing» et «croyances qui poussent certains fidèles à perdre pied», avait déjà alerté l’Eglise sur l’«approche manifestement orientée». MLK a déploré le refus notifié par France Télévisions d’organiser un «débat contradictoire, démocratique et transparent» la poussant à «réserver [son] opinion» et à annoncer qu’elle se réservait le droit de «publier une mise au point, d’exiger l’exercice d’un droit de réponse et de saisir les instances compétentes».
«Un reportage de chez Wish»
La pasteure Johanna Exbrayat, dont des extraits de vidéos TikTok ont été diffusés, s’est montrée particulièrement piquante, qualifiant le travail de journaliste de «nul» et un «reportage de chez Wish», dans une story sur les réseaux sociaux. Elle a regretté le manque d’explications historiques, de contexte, d’informations sur les œuvres caritatives proposées et soutenues par les Eglises évangéliques.
Elle a également dénoncé l’interview du pasteur Ivan Carluer, qui a écourté l’échange, se sentant «piégé» par le manque de nuance de la journaliste dans ses questions, notamment sur l’accompagnement des personnes homosexuelles. Johanna Exbrayat critique le choix de se centrer «uniquement sur des interviews de personnes en souffrance humaine».
Malhonnêteté et amalgames
La pasteure baptiste Joëlle Sutter Razanajohary a dénoncé la «malhonnêteté» dans les reportages, avec un «focus sur une partie en affirmant que c’est le tout!» Elle pointe notamment du doigt l’amalgame fait entre la diversité des églises évangéliques et la seule Eglise MLK mise en avant. Elle regrette le choix d’enchaînements «pour produire des effets escomptés» autour des thèmes éculés d’«argent, sexe, diable et démons, secte», s’étonnant ironiquement que les Eglises refusent ensuite de répondre aux sollicitations des médias.
Le pasteur libriste Vincent Miéville a également fait part de son énervement, sur les réseaux sociaux, tout en reconnaissant que des «dérives» existent et qu’il est le premier à les condamner. Sa critique principale porte sur le choix éditorial: «pourquoi faut-il si souvent tomber dans le sensationnalisme, les raccourcis et les amalgames?» Il déplore le caractère «orienté» des témoignages retenus, visant à «y chercher ce qu’on voulait y trouver», et le manque de recul globalisant.
Surtout, Vincent Miéville s’indigne de l’omission des instances de régulation et de dialogue. Il souligne l’absence de mention de la Fédération Protestante de France ou du CNEF, tous deux dotés de structures «en toute transparence» pour lutter contre les dérives. L’absence de la parole de spécialistes, des sociologues ou des historiens connaisseurs de l’évangélisme est également regrettée, car elle aurait pu apporter une nuance essentielle au propos.
3) Analyse : Pourquoi tout n’est pas à jeter
Je vais dans cette dernière partie mêler commentaires et analyse personnelle dans un texte davantage d’opinion qu’avec une approche strictement journalistique.
S’il n’est pas représentatif du monde évangélique francophone européen, la mise en lumière du modèle megachurch dans ce reportage, axé sur le marketing et le star-système avait de quoi soulever un certain malaise chez le téléspectateur (et vraisemblablement pas uniquement à cause d’un montage trompeur). Le côté «show business» des cultes, bien qu’efficace en termes de chiffres, pose la question de l’authenticité et de la primauté de la performance sur la spiritualité. La «startupisation de la foi» est une réalité qui force à se demander si l’Eglise cherche à plaire aux foules ou à répondre à un appel divin. Dieu veut-il des megachurches?
Quelle est la place pour l’Eglise locale quand on traverse les frontières pour aller à un culte? Les équipes pastorales des megachurches ne font pas confiance à des Eglises locales, pasteurs locaux pour accompagner ces nouveaux convertis près de chez eux? Ou ne prêchent-elles que pour leur paroisse? Ou cathédrale? Ou alors ont-ils le monopole de la foi et des dons (spirituels et financiers)? C’est une vraie question. A mettre en lien avec celle très taboue de la «concurrence» entre Eglises, car, s’il y a une dynamique de conversion, beaucoup de membres de ces Eglises fréquentaient d’autres assemblées plus petites et plus «familiales» avant cela.
Mais il s’agit là de considérations ecclésiologiques, d’opinions, de goût et de couleurs, voire de convictions mais pas de soupçons de dérives ou d’abus contrairement à ce que semble suggérer le reportage. D’autant plus que MLK en la matière n’est pas connue pour ses dérives; contrairement à plusieurs Eglises épinglées dans le dernier rapport de la Miviludes. Elle aborde régulièrement, à la frontière entre une prédication et un exposé pratique, des thématiques délicates telles que l’emprise, les violences sexuelles…
Des évidences présentées comme incongrues
Mais revenons à l’emission. Dans Envoyé Spécial, sur la question de la prière, des évidences sont montrées comme incongrues. Le commentaire dit que la jeune femme assure avoir l’impression de parler à Dieu… Ca peut paraître bizarre pour un athée mais, oui, ça s’appelle la foi. C’est le principe même d’une croyance que d’y croire. Les journalistes semblent s’étonner de cela. Quoi? Des «croyants» qui croient? Des «religieux» qui pratiquent et qui vivent ce qu’ils croient? Je pourrais m’étonner de l’étonnement de ces journalistes qui ont décidé de traiter des informations concernant le fait religieux sans vraisemblablement le comprendre. A quand des cours de religion en écoles de journalisme?
Sur la question de la guérison miraculeuse c’est un peu la même chose. Envoyé Spécial met en avant la profession de l’influenceur David Antoine (kiné) en suggérant une confusion entre sa foi et la médecine. Oui, il y a parfois des dérives graves et certains peuvent abandonner des traitements mais ce n’est pas le cas ici. Cela rend le fond confus. D’autant qu’il ne s’agit pas non plus de pratiques (la prière de guérison) propres à l’ensemble du milieu évangélique. Une fois de plus le spécifique et le cas particulier est présenté comme généralité.
Où est l’Evangile?
Là aussi, davantage de précision aurait été appréciée. Le reportage insiste (et pourquoi pas si c’est bien fait!) sur des aspects secondaires et polémiques du monde évangélique. Car ce qui fait le cœur de l’évangélisme ce n’est pas la question de l’accueil des homosexuels ou la guérison miraculeuse mais bien… (je le donne en mille!) l’Evangile. Pourquoi ne pas donner la parole à un évangélique pour qu’il puisse présenter ce en quoi il croit, comme par exemple l’avait fait Billy Graham, à la demande de Patrick Poivre d’Arvor sur le plateau de TF1 en 1986 (c’était alors aussi le service public)? Ah non, il risquerait d’évangéliser! Ou de présenter honnêtement ce en quoi il croit?
L’aspect le plus intéressant du reportage a résidé dans les témoignages des «déçus de l’évangélisme». Ces récits, pointent des dérives graves, notamment au sein d’Eglises légalistes (dont certaines membres du Conseil national des évangéliques de France et de la Fédération protestante de France), voire sectaires où une pression exercée sur les membres peut aboutir à l’isolement social, à l’hypocrisie religieuse et aux dons excessifs. Revenons sur l’anecdote sur des «livrets A vidés»; un pasteur «sérieux ou un trésorier ne devrait-il pas s’assurer que les dons sont fait de bon coeur, sans contrainte, même implicite, et que cela ne plonge pas le donateur dans la misère comme c’est malheureusement parfois le cas?
Arrêter d’avoir peur
Suivre Jésus ce n’est pas s’isoler de la société, tout donner à son Eglise et ne fréquenter que son groupe de jeunes. Combien de règles explicites ou tacites dans les Eglises encouragent parfois indirectement à la duplicité et l’hypocrisie? Combien de fois se prend-on pour Dieu (ou du moins limitons-nous sa puissance) en «enfermant» les autres de peur qu’ils ne se perdent? Le père dans la parabole du fils prodigue a-t-il enfermé son fils et limité ses choix? Non, par amour (et confiance) il l’a laissé partir. Et par amour il a couru vers lui les bras grand ouverts. Le père, Dieu qui aime, fait grâce, répare et restaure. Et malheureusement beaucoup de dérives comme celle-ci sont sues et sont tues. Si Envoyé Spécial s’était donné la peine d’enquêter un peu plus il y aura eu de quoi dire.
La souffrance d’un jeune homme en rupture avec sa famille à cause de son homosexualité est aussi un rappel douloureux des tensions qui traversent aussi le milieu. Un milieu composé de croyants, convaincus, confessants mais aussi de leurs familles qui ne partagent pas nécessairement la même foi. Une fois de plus les tensions entre famille, société et foi ne sont pas spécifiques au milieu évangélique mais plus largement au christianisme voire aux religions.
Manquement à la Charte de déontologie de Munich
La séquence finale, impliquant l’entretien pastoral en caméra cachée et sous fausse identité à l’Église MLK, est dérangeante et pas seulement à cause des conseils maladroits (faire un câlin à une peluche) de la pasteure. Pour rappel, utiliser des «méthodes déloyales» pour obtenir des informations contrevient au quatrième devoir de la Charte de déontologie de Munich des journalistes.
Le reportage a visiblement monté en épingle le conseil d’abstinence sexuelle, présenté comme une révélation. Des évangéliques qui prônent l’abstinence et une vision «conservatrice» de l’éthique sexuelle c’est un scoop? On voit la volonté de faire un coup médiatique, de piéger plutôt qu’un travail d’investigation rigoureux. Pourtant, encore une fois, il y aurait de quoi dire dans certains coins peu reluisants, sans faire d’amalgames. Mais là c’est bien raté. Dommage.
En conclusion, et si le reportage d’Envoyé Spécial, malgré ses faiblesses déontologiques et son manque de nuance, n’avait-il pas involontairement ouvert un espace de discussion essentiel pour le mouvement évangélique? Le poussant à reconsidérer son image publique et ses pratiques internes face à la souffrance de certains déçus et des oubliés sur le bord du chemin?
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