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Donald Trump divise, même chez nous

© Facebook
Grand favori de la primaire républicaine aux états-unis, l’ancien président américain Donald Trump divise les chrétiens des deux côtés de l’Atlantique. Regards croisés.
David Métreau

«Dans les pays de la francophonie, et tout particulièrement en Suisse, les chrétiens évitent de parler de Donald Trump», observe Robin Reeve, professeur de théologie à la HET-PRO. «C’est un sujet qui peut diviser, comme l’a été le Covid-19. Alors on l’évite. Mais je n’ai pas l’impression que les sentiments “pro-Trump” soient massifs dans les Eglises francophones.»

Pour le pasteur et théologien, les soutiens du 45e président des Etats-Unis en Europe francophone «sont des gens plutôt fondamentalistes, influencés par les médias conservateurs américains». «Certains relaient des éléments liés au mouvement QAnon», ajoute Robin Reeve avant de poursuivre: «Des chrétiens ont comme seuls repères politiques l’avortement et Israël.

De ce fait, Donald Trump est pardonné pour le reste.» Il déplore «une éthique à plusieurs vitesses, où des problèmes liés à la violence et au racisme sont relégués au second plan». Il y a, aux Etats-Unis, une frange évangélique blanche rurale qui se sent déclassée, mais comprise et soutenue uniquement par ce candidat, tempère le théologien.

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Candidat des évangéliques?

Blogueur et chroniqueur, le Français Nicolas Ciarapica ne cache pas son admiration pour Donald Trump, «premier président américain pro-vie depuis Ronald Reagan et premier président à s’afficher à la Marche pour la vie». Il souligne qu’à peine trois jours après son investiture comme président, il signait un décret interdisant le financement d’ONG soutenant l’avortement. «Il a aussi beaucoup œuvré pour Israël et l’aide aux chrétiens persécutés. Je n’ai pas de preuves pour affirmer qu’il est né de nouveau, mais plusieurs éléments peuvent nous donner à penser qu’il l’est.» Le chroniqueur cite notamment l’accompagnement de l’ancien président par la pasteure et télévangéliste Paula White ainsi que sa participation active à des études bibliques à la Maison-Blanche.

Si certains évangéliques soutiennent l’idée que Donald Trump est le nouveau Cyrus – empereur de Perse protecteur et soutien des Juifs – ce sont essentiellement des «dominionistes charismatiques promouvant la doctrine des sept montagnes», analyse Robin Reeve. Cette doctrine appelle les chrétiens à entrer en gouvernance du monde, en intégrant l’ensemble des rouages décisionnels de la société pour la diriger et établir le royaume de Dieu sur la Terre. Le théologien met en garde contre «toute passion politique», qu’il perçoit comme «un péché et de l’idolâtrie». Nicolas Ciarapica, lui, cite les fruits du mandat de Donald Trump: embellie économique, aucune guerre menée par les Etats-Unis, rapprochement avec la Corée du Nord et, «acte incroyable et très symbolique: déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem».

Fracture politique

Pour Nicolas Ciarapica, la «tendance bisounours» des «Eglises louangistes» et des élites évangéliques blanches est «dépassée et déconnectée de la base», pour de nombreux chrétiens chez qui Donald Trump incarne une figure d’autorité. Il affirme que le centre de gravité de l’évangélisme s’est déplacé vers le Sud global. «Dans ce néoévangélisme essentiellement afroantillais et métis, il y a besoin de personnalités fortes. C’est également ce qu’on observe aux Etats-Unis. D’ailleurs, Trump progresse énormément chez les communautés latines et afroaméricaines.» Robin Reeve, pour sa part, défend que l’Evangile progresse par le changement des vies et des cœurs, pas par le changement des gouvernements.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Mars 2024

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