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Dave Bookless, une vision biblique de l’écologie

© DR
Le théologien d’A Rocha était l’orateur principal d’une journée de réflexion à la HET-PRO. Les différents intervenants ont cherché à replacer l’environnement dans le projet de Dieu et articuler la spécificité chrétienne face aux écospiritualités actuelles. Echos.
Nathania Clark

Clin d’œil du calendrier, c’est le 20 novembre, à la période où l’intérêt des Suisses pour les questions environnementales se traduisait dans les urnes, que la HET-PRO organisait, avec StopPauvreté, une journée de réflexion intitulée «Planète: se soucier de la terre ou se soucier des hommes?»

Centaine de participants

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Dave Bookless (photo médaillon), directeur théologique de l’organisation chrétienne pour la préservation de la nature A Rocha International et auteur de plusieurs livres dont Un Dieu zéro déchet (coédition), était le principal orateur de cette journée. D’autres intervenants issus des milieux agricole, social et théologique, tels Frédéric Hamman (professeur à la HET-PRO), Claude-Eric Dufour (viniculteur), le major Jacques Donzé (Armée du Salut) et David Sauter (médecin et conseiller à Medair), ont partagé leurs défis et les stratégies mises en place sur le terrain. StopPauvreté, en lien direct avec la thématique de cette journée, était représenté par son coordinateur Alexis Bourgeois (lire en page 45) et son fondateur Jean-Daniel André.

Une centaine de personnes, dont quinze étudiants de la HET-PRO, se sont retrouvées pour réfléchir à la question du rapport entre écologie, être humain et théologie.

Dave Bookless a dressé le tableau global de la mission de Dieu envers sa Création. Partant du constat que notre monde est brisé et la Création en souffrance, il a démontré, statistiques à l’appui, l’impact négatif d’une surconsommation sur l’environnement, l’économie et le social.
Les 20% de la population mondiale les plus riches consomment 16 fois plus que les 20% les plus vulnérables. Cette surconsommation s’accompagne des effets bien connus que sont les changements climatiques, la pollution par les composés azotés et les phosphates et, surtout, la perte de la biodiversité qui est, selon lui, plus alarmante encore.

L’homme n’est pas au centre de la Création

Comment le chrétien est-il appelé à réagir? Si la militance écologiste suscite une part de méfiance et passablement d’indifférence, l’écologie fait pourtant partie intégrante du message biblique, de la Genèse à l’Apocalypse, plaide Dave Bookless. «La Création est une expression de l’amour qui lie le Père, le Fils et le Saint-Esprit, dit-il. Dieu contemple son œuvre et se réjouit de la biodiversité.»

Se distançant d’une vision humano-centriste selon laquelle l’homme serait au sommet de la création comme un maître exerçant son bon droit, Dave Bookless montre que Dieu a choisi de s’associer l’homme, créé à son image, pour en être le gérant, sans perdre de vue que tout a été créé par Christ et pour Christ. Ainsi l’économie n’est pas appelée à utiliser sans mesure les ressources et les hommes, mais à les valoriser pour la gloire de Christ. L’homme lui-même s’inscrit dans un cosmos extrêmement diversifié avec un statut privilégié, mais soumis au Créateur. Pour le théologien, le livre biblique de Job illustre combien cette prise de conscience aide l’homme à se réconcilier avec Dieu.

Face au courant «écocentrique» qui voudrait que l’homme ne soit qu’une espèce parmi d’autres, la vision biblique offre, selon lui, une espérance et une responsabilité inestimables.

Rédemption physique pour la Création aussi

La rébellion de l’homme et sa chute ont eu un impact dramatique sur toute la création, affirme Dave Bookless. Selon lui, le récit de Noé rappelle le jugement de Dieu. Il ajoute que, dans son amour, le Créateur a ouvert un avenir scellé par une alliance: Dieu épargne Noé, sa famille, ainsi que chaque espèce, peu importe sa valeur économique. Au travers de la Bible, puis avec la venue de Jésus, cette action rédemptrice se poursuit et trouve son ancrage dans la mort et la résurrection du Christ. «Voici, je fais toutes choses nouvelles» (Apoc. 21,5). Cette espérance, rappelle Dave Bookless, ne se limite pas au monde spirituel et au salut des âmes. Elle touche toute la Création, laquelle soupire après sa délivrance (Rom. 8). L’espérance biblique se poursuit dans un renouvellement de la pensée, un changement d’attitude et dans une rédemption physique.
«Quelle est ta vision de Jésus? a interpellé le théologien. Est-il grand pour sauver des âmes ou assez grand pour finalement sauver sa Création toute entière? De notre réponse à cette question centrale dépendra notre action.»

Interpeller l’écologie sans Dieu

Les divers intervenants de la journée ont mis en évidence la connexion étroite entre une relation avec Dieu et le soin apporté à l’homme et à l’environnement. Devant les défis qui se posent concrètement pour trouver un équilibre entre production et protection de l’environnement, des solutions s’esquissent et appellent à l’humilité, une valeur soulignée par tous les orateurs, qu’ils pratiquent un métier de la terre ou travaillent pour une organisation à vocation humanitaire comme l’Armée du Salut et Medair.

Dave Bookless a invité ses auditeurs à prendre conscience des enjeux et à agir tout en allant à la rencontre des écologistes sans Dieu et des adeptes de formes «d’écospiritualité» dans un partage ouvert et décomplexé, sans nier leur spécificité. «De nombreuses grandes organisations écologistes comme le WWF prennent conscience qu’il faut un changement du coeur de l’homme et ils sont ouverts au dialogue, encourage Dave Bookless. Je les surprends en leur montrant ce qui, dans la Bible, est en accord avec eux, puis je mets leur vision “écocentrique” au défi: si nous ne sommes qu’une espèce parmi les autres, de quel droit interviendrions-nous? On peut leur montrer que Dieu a doté l’être humain d’une capacité de nuire ou de bénir et leur présenter le plan rédempteur de Dieu.»

Nathania Clark

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui janvier 2020


Ecologie vs économie: la parole d’un terrien

Parmi les intervenants de la journée, le viniculteur Claude-Eric Dufour, ex-député au Grand Conseil vaudois, a invité à la prudence en matière de politique environnementale. Profondément concerné par le respect de l’environnement, il a expliqué la difficulté à concilier recours aux produits phytosanitaires et protection des cultures. Claude-Eric Dufour a rappelé que ce même dilemme touche la médecine partagée entre la nécessité de guérir et les problèmes posés par la recherche médicale et les effets secondaires des médicaments.
Conscient du pouvoir des pharmas et des biotechnologies agricoles, régulièrement ciblées par les médias, il a attiré l’attention sur la position compliquée des paysans, pris en étau entre les exigences de production à des coûts raisonnables et les normes écologiques toujours plus contraignantes.
A la question «Faut-il se soucier de la terre ou des hommes?», il a rappelé que le taux de suicide est trois fois plus élevé chez les agriculteurs et a exhorté chacun à revoir sa propre consommation avant de porter un jugement hâtif et unilatéral.

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