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J’ai fait un rêve… un cauchemar

Quand des “bons chrétiens” se laissent gagner par la haine, le plus grand danger vient de l’intérieur.
© Michael Afonso – Unsplash
Un cauchemar qui interroge: et si le danger le plus redoutable pour l’Eglise venait de l’intérieur, sous les traits d’une fausse vertu chrétienne?
David Métreau

J’ai fait un rêve. Pas le rêve grandiose d’un Martin Luther King, où l’harmonie triomphe de la discorde. Non, cette fois ce n’est pas un effet de style, j’ai fait un vrai mauvais rêve, un cauchemar.

Au nom de notre justice

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Dans ce songe, je me suis vu en mer, sur un bâtiment ressemblant à un immense porte-avions. Le lieu était le théâtre d’un complot macabre. Une foule en furie, manipulée et instrumentalisée, s’apprêtait à jeter une jeune femme par-dessus bord pour la seule raison qu’elle semblait musulmane. Un autre homme, ceinturé et prêt à subir le même sort, était désigné comme «gay».

Ce qui était terrifiant, c’était la normalité de ces bourreaux et leurs signes distinctifs. Ils arboraient fièrement le signe du poisson – l’Ichthus – sur leur poitrine. Se présentant comme des «gens bien comme il faut», de «vrais chrétiens», la foule scandait: «Pour le Christ-Roi!» Leurs visages, cependant, n’exprimaient que la haine.

Dans cette situation d’urgence, je me souviens de l’injonction intérieure d’agir. Se cacher? Aller à contre-courant de cette foule et risquer de se faire aussi tuer? Tenter d’argumenter, de temporiser, de calmer les ardeurs pour défendre ces deux personnes – et les autres – vouées à l’assassinat? Dans mon rêve, deux figures se sont levées: l’une se sacrifiant en prenant leur défense et subissant le même sort, l’autre faisant diversion pour infiltrer la foule, alerter discrètement et sauver le maximum de civils.

Menaces internes et externes

Je me suis réveillé en panique. Ce rêve, je le crains, n’est pas si éloigné d’une certaine réalité. Ou du moins d’un risque. Que ces prémices soient prophétiques ou prémonitoires, l’avenir le dira. Mais une chose est certaine: ce rêve m’a rappelé que si nos sociétés et nos communautés sont soumises à des menaces extérieures, le péril le plus insidieux vient toujours de l’intérieur.

Certes, le danger extérieur est réel. D’un côté, l’islamisme radical menace nos frères et sœurs du Nigeria au Soudan, en passant par l’Afghanistan et l’Algérie. De l’autre, un relativisme moral subtil finit par rendre le mal et le bien confus, érodant la possibilité même d’une dénonciation juste. Le 20e siècle a également montré que les idéologies athées ou néopaïennes ont eu leur lot de morts par millions.

Hérode, Noël et la tentation

Mais si une grande subversion ne venait pas de l’intérieur de l’Eglise elle-même? A ce compte, elle serait de loin la plus dangereuse, car plus difficilement identifiable. Un chrétien qui ressemble à un autre, qui cite la Bible et s’y rattache, qui a le sentiment de bien faire… n’est-ce pas là le parfait masque du dévoiement de l’Evangile? Il y avait dans mon rêve la même racine meurtrière qui animait les pharisiens. Non contents d’avoir voulu lapider la femme adultère puis Jésus lui-même, ils ont fini par le livrer sur la croix.

En ces temps de Noël, rappelons aussi que ce ne fut pas un païen qui menaça Jésus dans ses premières années, mais un despote «nationaliste juif» (amis historiens, pardonnez l’anachronisme de la formule!) de l’époque, le roi Hérode. Plus tard, ce sont ses propres compatriotes qui ont mené le Sauveur à être cloué sur la croix. Des gens «bien comme il faut».La (fausse) vertu et la (fausse) morale plutôt que la justice, l’amour et la vérité. La subversion la plus redoutable est celle qui se pare des signes de la foi.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Décembre 2025

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