Contrepoint: La fidélité, plus grande que la foi
André Comte-Sponville, vous êtes philosophe et athée. Les Dix commandements ont longtemps constitué une référence ou un cadre moral commun. Avec la sécularisation de la société, qui définit aujourd’hui les références morales?
Il n’y a plus d’institution commune, qui puisse légitimement définir le bien et le mal. C’est donc à chaque individu de le faire, non certes par une libre décision, mais en fonction des valeurs qu’il a reçues. C’est dire que l’éducation - donc la famille et l’école - joue un rôle majeur. Mais elle ne définit pas les normes de notre civilisation: elle ne fait que les transmettre. Il n’est pas question d’inventer de nouvelles valeurs, mais de rester fidèles à celles que nous avons reçues, que nous avons donc à charge de léguer à nos enfants. Il s’agit de n’être pas indignes de ce que l’humanité a fait de soi, et de nous. C’est ce que j’appelle la fidélité, qui m’importe davantage que la foi.
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