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«Clic»

© Instagram@gabrielmedina
L'édito de septembre 2024
Maude Burkhalter

Il fallait être là au bon moment, au bon endroit, et appuyer sur le déclencheur. Un procédé simple en soi, et pourtant si compliqué. Le 29 juillet dernier, la photographie du surfeur brésilien Gabriel Medina au-dessus des eaux, le doigt pointé vers le ciel et sa planche parallèle à son corps a, en quelques secondes, fait le tour du monde. C’est le photographe français pour l’AFP Jérôme Brouillet qui l’a prise dans une série de quatre clichés seulement, alors qu’il couvrait l’épreuve de surf, à Teahupo’o, en Polynésie française. Elle est si belle qu’elle semble presque retouchée – c’est en tout cas ce que notre œil désormais entraîné à repérer et reconnaître la patte de l’intelligence artificielle sur tout et n’importe quoi, croirait spontanément.

Ce cliché restera dans les annales, c’est certain, pour son côté «wow, les éléments sont parfaitement alignés», ou parce que cette vague a permis à l’athlète de battre un record olympique. Mais ce n’est pas tout. Pour nous chrétiens qui avons suivi les Jeux Olympiques et qui nous trouvons actuellement derrière nos écrans pour suivre les Jeux Paralympiques, ce cliché a un caractère particulier, presque sacré. Le mot est fort mais il convient.

Il fallait être là au bon moment, au bon endroit, et appuyer sur le déclencheur. La main dont le doigt est pointé vers le ciel nous invite à lever les yeux. Elle appartient à un fervent chrétien dont la passion est de surfer l’océan, à la recherche de la vague parfaite, et le cliché qui nous y invite est pris par un Français, ressortissant du pays hôte des Jeux. Nous spectateurs n’avions plus qu’à répondre à l’invitation.

Une invitation qui s’étendait par exemple à celles et ceux d’entre nous, chrétiens, qui nous sommes sentis offensés par la cérémonie d’ouverture des Jeux qui avait eu lieu trois jours avant, particulièrement lors la représentation du tableau de la Cène. Pour ceux qui ont eu le sentiment que Jésus était moqué, à tort ou à raison, le cliché de Jérôme Brouillet agit comme un baume, car il démontre une chose: Dieu n’a pas besoin d’être défendu, il le fait très bien seul.

Et nous sommes invités à tourner nos yeux vers lui, à lever la tête, à considérer le tableau et à suivre le doigt de Gabriel Medina. C’est là-bas, au sortir d’une des plus belles vagues de la compétition, à Teahupo’o, qu’on a eu un bref aperçu du sacré, du beau, du divin. Mais nous étions trop affairés à défendre à tout prix ce que nous, ici, nous considérions comme sacré. A la suite du photographe, sachons être là au bon moment, au bon endroit, et appuyer sur le déclencheur.

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Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Septembre 2024

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