Changer les lois ou le coeur?
L’indignation est générale suite au grand déballage des Panama Papers sur l’évasion fiscale à large échelle grâce aux sociétés offshore. L’appel à une plus grande transparence des transactions financières a été immédiat. David Cameron, pris dans la tourmente, a été parmi les premiers à proposer un durcissement des lois dans son pays. L’Union européenne et l’OCDE ont également repris le dossier en mains, pour tenter de limiter les possibilités de soustractions fiscales.
Méfions-nous cependant des promesses liées aux mesures annoncées. L’optimisation et l’évasion fiscales sont devenues un sport international. Et même les nouvelles lois n’endigueront pas complètement le phénomène. Car la concurrence entre Etats pour attirer les grandes multinationales et les grosses fortunes poussera certains à trouver des failles du système pour mieux défendre intérêts et cupidité.
Le problème est plus profond. Comme l’atteste l’article que nous consacrons aux Panama Papers (lire en page 8), une morale d’intérêts a remplacé celle universelle et reconnue de tous. En tant que croyants, nous savons que sans un changement du cœur de l’homme, possible par une conversion et le travail de Dieu en nous, la nature corrompue est tenace. Même si nous sommes chrétiens, nous ne sommes jamais à l’abri de la corruption, de la fraude.
Je me souviens qu’au début de ma carrière professionnelle dans une entreprise dirigée par un Américain, je m’étais vu proposer par un ami de ce dernier l’ouverture d’un compte bancaire à numéros. A l’époque, ces comptes permettaient de conserver de l’argent au chaud sans le déclarer.
Nous sommes appelés à choisir au quotidien quel maître nous voulons servir. C’est vrai pour les croyants et les non-croyants. C’est vrai dans de nombreux domaines, y compris lorsqu’il s’agit de notre patrimoine financier. L’espérance de l’éternité nous rappelle que notre trésor n’est pas ici-bas. Une belle consolation, à l’heure où l’on peut parfois penser que l’intégrité rapporte peu ou en tous cas moins que «l’optimisation
fiscale».
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui mai 2016
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