Tous créateurs de couloirs
Dans la nuit du 11 au 12 mai, les belligérants de la guerre du Soudan – conflit faisant rage depuis plus d’un mois – ont signé un accord en faveur des civils. Sans mention ni de trêve ni de cessez-le-feu, le document prévoit l’aménagement de couloirs permettant dans un sens aux civils d’évacuer les zones de combat et dans l’autre, à l’aide humanitaire d’intervenir.
A l’heure d’écrire ces lignes, on dénombre presque 800 morts et près de 5000 blessés dans cette guerre qui a éclaté mi-avril. Malgré l’espoir que représentent ces couloirs humanitaires pour toute population prise au piège – on pense notamment aux Syriens, aux Erythréens ou plus récemment aux Ukrainiens – ils restent des opérations dangereuses aux risques importants. Une déclaration de principe pour laquelle les deux camps auront tout de même dû négocier pendant presque une semaine entière dans le cas de ce conflit. Comme si la vie d’innocents pris au piège par une guerre dont ils sont les victimes devait soudainement faire office de monnaie d’échange; un jeu cruellement gagné par qui en aura descendu le plus.
Ces couloirs humanitaires, aussi désolants soient-ils, ont quand même quelque chose d’une beauté symbolique, dans un paysage de misère. Après quatre semaines de combats ininterrompus, une brèche se crée, ça y est, s’emparer de quelques sommaires affaires et partir, le dos courbé, le petit sous le bras. Puis la brèche permet aussi l’arrivée de vivres, de renfort, d’une présence rassurante.
Certes les couloirs ne signifient pas la fin d’un conflit mais une lueur d’espoir, une porte de sortie. Dans un contexte difficile, une solution salvatrice est offerte à ceux et celles qui sauront l’emprunter, ose-t-on affirmer, toutes proportions gardées. Puis, transposant la réflexion à nos contextes de chrétiens en Suisse, en France et en Belgique, délimiter voire créer un couloir humanitaire est finalement à la portée de tous ceux qui savent où se trouvent les vivres et le réconfort – divins – qui savent également où se trouvent les victimes – humaines – et qui ensuite permettent le lien entre les deux.
Dans le numéro que vous tenez entre les mains, ce sont plusieurs de ces créateurs de liens qui sont mis à l’honneur: l’une intervient directement dans des zones sinistrées, un autre crée ce lien en tant que chef d’entreprise, un autre encore en tant que médecin, d’autres par leur engagement politique, puis un dernier par son art musical. Tous sont porteurs d’une voix chrétienne dans l’espace public et tous sauront, à leur niveau, vous encourager à devenir à votre tour créateurs de couloirs, vous qui êtes fidèlement abonnés à ce titre tout comme vous qui le découvrez aujourd’hui dans votre boîte aux lettres.
En effet, pariant sur un thème rassembleur, nous avons imprimé et distribué plus largement cette édition, pour en faire profiter un plus grand nombre et pourquoi pas vous permettre de vous (ré)abonner et/ou soutenir le Christianisme Aujourd’hui, lui aussi créateur de couloirs.