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Ces évangéliques amoureux du pape

© Des catholiques prennent le pape en photo au Hope Happening, Belgique, 2024. / S. Perquin – Wikimedia
Vous n'allez pas forcément être d'accord: cette rubrique met en avant des avis forts, parfois tranchés sur les sujets chauds de l’actualité.
Paul Ohlott

Depuis la mort du pape François, un spectacle affligeant se déploie sous nos yeux: des évangéliques, jadis gardiens d’une foi authentique retrouvée au temps de la Réforme, se pavanent fièrement sur les réseaux sociaux, brandissant des photos et des souvenirs de leurs rencontres avec l’ancien pontife. Ils s’en vantent comme d’un trophée, affichant leur proximité avec le chef de l’Eglise catholique romaine comme un badge d’honneur spirituel, tout en prétextant, bien naturellement, qu’ils le font sous la conduite de l’Esprit.

Quel message de «l’Esprit de vérité» ont-ils transmis au pape le temps d’une poignée de main, d’un sourire approbateur et d’un selfie révélant leur «fan attitude»? On aimerait bien le connaître… Cette nouvelle mode, loin d’être anodine, est une trahison éhontée de l’Evangile et un symptôme alarmant de la dérive œcuménique qui gangrène les Eglises évangéliques depuis de trop nombreuses décennies. Et c’est sans compter tous ces autres disciples de l’œcuménisme qui se sont concurrencés par leurs éloges funèbres. Quelle triste foire!

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Une fascination mondaine pour l’image du pape

Qu’y a-t-il de si glorieux à s’afficher aux côtés du pape? Ces évangéliques, en quête de reconnaissance et de prestige, semblent avoir oublié que l’Evangile n’a rien à voir avec les fastes du Vatican, ni avec les accolades médiatisées. Nous sommes bien loin de l’exemple laissé par Jean-Baptiste, Jésus ou encore les douze apôtres… mais s’en soucient-ils vraiment?

Le pape François, malgré son image d’homme humble et accessible, représentait une institution dont les doctrines – du culte marial à la justification du Salut par les œuvres – s’opposent frontalement aux principes fondamentaux de la Réforme (Sola Scriptura, Sola Fide, Sola Gratia…). Pourtant, certains leaders évangéliques, aveuglés par la séduction de l’unité interconfessionnelle, se sont empressés de s’associer à lui, posant pour des selfies et publiant des hommages larmoyants à sa mort. Cette fascination n’est pas spirituelle, elle est charnelle. Elle trahit une soif de visibilité et d’approbation mondaine, où l’on préfère les applaudissements des hommes à la fidélité à Dieu. Comme l’écrit l’apôtre Paul dans Galates 1,10: «Maintenant, est-ce la faveur des hommes que je désire, ou celle de Dieu? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ.»

Un œcuménisme qui dilue l’Évangile

L’enthousiasme de ces évangéliques pour le pape François s’inscrit dans une vague œcuménique plus large, où l’unité est érigée en idole au détriment de la vérité. Rencontrer le pape, prier avec lui ou vanter ses mérites ne sont pas des actes neutres. Ils envoient un message clair: les divergences doctrinales entre le catholicisme et le protestantisme évangélique seraient secondaires, voire insignifiantes. Rien n’est plus faux! La justification par la foi seule, l’autorité exclusive des Ecritures, le rejet des sacrements comme moyens de salut – ces vérités ne sont pas négociables. En s’acoquinant avec le Vatican, ces évangéliques foulent aux pieds l’héritage des Réformateurs, qui ont payé souvent de leur vie leur refus de compromis.

«La paix et l’unité ne doivent jamais être recherchées au prix de la vérité. Si nous devons sacrifier la Parole de Dieu pour l’unité, nous sacrifions Christ lui-même», clamait haut et fort un certain Martin Luther, dans l’un de ses commentaires sur l’unité de l’Eglise.

Le pape François, avec son charisme et ses discours sur la justice sociale, a su séduire certains évangéliques qui peinent à discerner les différences, pourtant fondamentales, entre l’Evangile et l’Humanisme. Mais un discours, aussi plaisant soit-il, ne change pas la réalité: l’Eglise catholique romaine maintient des enseignements contraires à l’Evangile. S’en vanter, c’est cautionner implicitement ces erreurs et semer la confusion dans le corps de Christ. Comme le disait le célèbre prédicateur baptiste Charles Spurgeon: «Se joindre à ceux qui prêchent un autre évangile, c’est trahir Christ» et il précisera encore dans son sermon sur 2 Corinthiens 6,14-18: «L’unité avec l’erreur est une communion avec les ténèbres. Séparez-vous, car la vérité ne peut cohabiter avec le mensonge». Qui oserait encore prêcher ainsi en 2025?

L’arrogance de ces évangéliques qui paradent avec leurs souvenirs papaux est un scandale pour les chrétiens attachés à la Parole de Dieu. Alors même que le Saint-Esprit insuffle une Réforme apostolique à son Eglise, en vue de la ramener sur les véritables fondements de la Foi, via le prisme d’un discipulat pleinement retrouvé, ces ambassadeurs de l’œcuménisme divisent le corps de Christ, au nom d’une fausse unité et en présentant l’œcuménisme comme un progrès spirituel que seuls les sectaires pourraient évidemment refuser… Le piège est bien ficelé! Ceux qui résistent à l’œcuménisme sont désormais condamnés au pire des sectarismes! La séduction fonctionne. Elle est en marche. Et elle fascine par la prédication d’un faux amour qui balaie toute absolu en matière de vérité. Malheur à celui qui oserait désormais prétendre connaître «la vérité» et juger la doctrine des autres au nom de celle-ci! Ben voyons… nous voilà donc sommés de ne plus croire en «la vérité» et de ne plus «juger spirituellement» les fausses doctrines. Quelle folie!

Que dire aux nouveaux dans la foi, qui, voyant leurs leaders s’extasier devant le pape, se demandent si les vérités de l’Evangile et si le combat de la Réforme ont encore un sens? Que dire aux âmes en quête de vérité, troublées par ce mélange de lumière et d’obscurité? Ces évangéliques, par leur vanité, ne construisent pas l’unité; ils sèment le trouble et la désillusion et font entrer l’Eglise dans l’ère du relativisme.

Il est temps que ces prétendus évangéliques cessent de se glorifier de leurs compromissions et se repentent. L’Evangile n’est pas un accessoire mondain à troquer contre une photo avec une figure religieuse. Il est la puissance de Dieu pour le salut (Romains 1,16), et il exige une fidélité sans faille. Au lieu de courir après les honneurs du Vatican ou de chercher des estrades dans des conférences où la vérité est compromise au nom «du respect des églises», que ces leaders en quête de notoriété et de prospérité se prosternent devant la Parole de Dieu et se rappellent l’avertissement de 2 Corinthiens 6,14 : «Quelle communion y a-t-il entre la lumière et les ténèbres?»

A quoi bon avoir fui les ténèbres du paganisme, s’il s’agit désormais d’embrasser si facilement celles de la fausse religiosité au nom du «religieusement correct»? Que les véritables ministères de Christ rejette avec fermeté la séduction de l’œcuménisme! Soyons positionnés! La mort du pape François et tout le délire religieux qui découle autour du conclave ne représentent strictement aucun intérêt pour ceux qui s’intéressent à l’Evangile de Christ! Quel rapport y a-t-il entre Christ et l’entreprise vaticane? Quel intérêt d’inviter les cardinaux à «choisir un nouveau pape qui incarne l’amour», comme l’a fait le parti évangélique suisse dans une lettre ouverte, osant même affirmer que «le monde a besoin d’un pape qui incarne l’amour chrétien du prochain et qui appelle à la paix, à la générosité et à la justice»? Depuis quand certains évangéliques se sont-ils mis à croire que le monde a besoin d’un pape catholique? Quelle régression! Quel aveuglement!

Il semble urgent de prendre de la hauteur spirituelle sur cette folie œcuménique et de prendre le temps de méditer les prédications de ces pasteurs et théologiens qui n’ont pas fléchi les genoux. Merci à eux d’être ces voix qui crient dans le désert et d’incarner cette nécessaire résistance spirituelle. Merci de résister!

«L’œcuménisme moderne est une séduction qui échange la fidélité à l’Evangile pour une fausse unité. Les compromis doctrinaux ne glorifient pas Dieu; ils déshonorent sa Parole», écrit John MacArthur. Plus fort encore, le prédicateur réformé Martyn Lloy-Jones disait clairement en 1962 dans son sermon sur l’unité chrétienne: «L’œcuménisme est une tentative de l’homme de construire l’unité là où Dieu exige la séparation. Si nous sacrifions la vérité pour l’amour, nous perdrons les deux.» Citons encore le pasteur A.W. Tozer qui rappelait dans ses essais sur la foi chrétienne: «L’œcuménisme qui cherche à unir les chrétiens en ignorant les divergences doctrinales est une trahison de la vérité. Dieu ne bénit pas l’unité fondée sur le sable de l’ambiguïté.»

Une orphelinité spirituelle propice au compromis

Les Eglises évangéliques, historiquement ancrées dans la Réforme et la primauté des Ecritures, souffrent aujourd’hui d’un manque de leadership théologique et d’une méconnaissance croissante de leur héritage. Beaucoup revendiquent le ministère ou un quelconque leadership, en quête de succès… mais où sont les véritables pères apostoliques de la nébuleuse évangélique, qui incarnent, de manière désintéressée, une vraie paternité spirituelle plutôt qu’une fausse posture d’autorité? Où sont ces voix qui ne tremblent pas face aux ravages de cette séduction?

Cette orphelinité spirituelle rend nombre d’évangéliques vulnérables à des influences extérieures. L’esprit orphelin, en quête d’amour et de reconnaissance, acceptera facilement de nombreuses concessions. De toute évidence, il est plus facile de céder à ce besoin orphelin «d’exister» que de «résister». Qui désire encore véritablement payer le prix de la mission de l’Esprit quand il nous est désormais proposé de vivre le ministère selon le modèle «clé en main» du marketing de réseau?

Soyons très clairs: l’œcuménisme, promu comme un élan d’amour et de fraternité, dissimule une réalité bien plus sombre. Ce mouvement, encouragé par le Conseil œcuménique des Eglises ou des déclarations communes telles que la Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification (1999), a créé un climat où les différences théologiques sont minimisées au profit d’une unité superficielle. Chacun peut lire, sur le portail du «Musée Protestant», que cette déclaration de 1999 «met fin sur ce point aux condamnations doctrinales officielles prononcées au moment de la Réforme», alors même que la doctrine catholique du Salut n’a guère évoluée sur ce sujet.

Certaines Eglises évangéliques, séduites par l’idée d’un christianisme unifié, participent à des événements interconfessionnels, des prières communes ou des collaborations avec des institutions catholiques, sans toujours discerner les implications théologiques. Ce rapprochement est souvent justifié par des appels à l’amour fraternel ou à la mission commune face à un monde sécularisé. Pourtant, l’unité véritable ne peut se construire sur un compromis doctrinal. Comme l’écrit l’apôtre Paul dans Galates 1,8, «Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème!» L’Evangile n’est pas négociable et toute tentative de le diluer pour des intérêts divers trahit la vérité.

Le catholicisme, malgré des points communs avec le protestantisme, maintient des doctrines incompatibles avec l’Evangile, telles que le rôle médiatique de Marie, le purgatoire ou l’autorité du pape. En s’acoquinant avec ces idées, les Eglises évangéliques sont en train de semer une terrible confusion spirituelle. L’unité des chrétiens est un idéal biblique, mais elle ne peut se réaliser au détriment de la vérité. Comme le souligne Ephésiens 4,14-15, les disciples sont appelés à ne pas être «emportés à tout vent de doctrine», mais à «croître en toutes choses en celui qui est le chef, Christ», en proclamant la vérité dans l’amour.

Je suis intimement convaincu que les ministères évangéliques doivent enseigner avec clarté les distinctions doctrinales qui séparent le protestantisme évangélique du catholicisme et de ne pas abandonner la «saine disputation» au profit d’une fausse unité bon marché. Il ne s’agit pas d’alimenter la division, mais de préserver la pureté de l’Evangile.

Quant à l’ensemble du peuple évangélique, il est désormais salutaire pour lui d’exercer un véritable discernement spirituel, en examinant toute pratique ou collaboration à la lumière des Ecritures. S’acoquiner avec le catholicisme, c’est s’assurer de semer la confusion et de perdre ce qui fait l’essence même du protestantisme évangélique: un attachement indéfectible à la Parole de Dieu comme seule autorité.

Il est temps pour les Eglises évangéliques de se recentrer sur leur vocation première: proclamer l’Evangile dans sa pureté, sans compromis, et résister à la séduction d’un œcuménisme qui menace de les détourner de la vérité. Que cet appel résonne comme un cri prophétique: «Réveillez-vous, et revenez à votre premier amour!» (Apoc. 2,4-5).

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