Aux articles de la mort
«Si vous regardez cette vidéo, c’est que je suis morte.» Dans le courant du mois de mars, Paola Marra, une Londonienne de cinquante-trois ans souffrant d’un cancer de l’intestin et du sein, est venue jusqu’en Suisse pour avoir recours au suicide assisté chez Dignitas, à Zurich. Avant sa mort, elle a enregistré un message vidéo adressé au gouvernement anglais, où elle indique endurer des souffrances devenues insupportables. Autre exemple, celui de Shanti De Corte, adolescente de vingt-trois ans, miraculée de l’attentat islamiste de 2016 à Bruxelles lors duquel avaient été ciblés le métro Maelbeek et l’aéroport de Zaventem. Jamais rétablie de son syndrome post-traumatique, la jeune femme a demandé à être euthanasiée en mai 2022.
Si ces deux exemples sont plutôt extrêmes et rares – quoique de moins en moins –, ces questions concernent surtout les personnes âgées, pour qui la fin de vie est effectivement proche. Si en Suisse – l’une des pionnières en matière de suicide assisté – on connaît bien les associations Exit et Dignitas, c’est plutôt l’actualité française qui est à l’origine du dossier que nous vous proposons ce mois-ci. Le projet de loi débattu par les députés dès le 27 mai défraie la chronique et alimente un vif débat. Euthanasie, acharnement thérapeutique, soins palliatifs, suicide assisté, ce sont là tant de termes qui font leur apparition dans un dossier qui, à défaut d’être complètement neutre – car peut-on vraiment l’être face aux questions de vie et de mort –, a l’avantage de nourrir la réflexion. Dans un premier temps, un regard plus précis sur le projet de loi et ses enjeux. Puis, diverses positions et perspectives sont présentées, toutes émanant de la thématique des questions de fin de vie. En fin de dossier, quelques témoignages et coups de projecteur choisis, donnant la parole à des personnes impliquées sur le terrain.
Et si, dans un contexte plutôt morose, on osait l’espérance? L’espérance de la vie à venir, celle d’une pensée nuancée, celle du vivre-ensemble ou celle encore de la parole bienveillante d’une infirmière en gériatrie. Mais parce que cette conversation est ouverte, n’hésitez pas à nous faire part de vos avis et impressions par retour de courrier, pour une réflexion aiguisée pour tous. Bonne lecture.
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Juin 2024
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