Paul, serviteur de Jésus, à tous les saints qui sont à Philippes. Je vous envoie cette brève missive pour vous annoncer que je suis bien arrivé à Rome. Après avoir débarqué à Pouzzoles, nous avons suivi la voie Appia en direction de la capitale de l’Empire. Plus nous approchions de Rome, plus les tombeaux et les autels dédiés aux divinités étaient nombreux et imposants. Je prenais pleine conscience de la tâche qui m’attendait: comment apporter l’Evangile à un peuple pétri de religion et empêtré dans des croyances mensongères?
Plus nous avancions, plus la démesure de la ville s’offrait à notre regard. J’avais entendu parler de Rome, mais je n’avais jamais contemplé une telle folie: des bâtiments qui s’élèvent jusqu’à toucher le ciel, du marbre et de l’or, des colonnes élancées. Mes amis tenaient absolument à me montrer le Circus Maximus, capable d’accueillir 250000 spectateurs et où tant des nôtres moururent en martyrs. Un tel gigantisme et une telle cruauté disent assez la puissance d’un Empire qui règne sur le monde entier!
A cette vision tout à la fois glorieuse et terrible, je me suis assis sur un muret, l’âme et le corps découragés. Jusqu’alors, je n’avais jamais pris pleinement conscience de la puissance de Rome, ni mesuré avec une telle acuité sa richesse, sa mégalomanie et sa toute-puissance. Face à ce constat, je me sentis terriblement faible. Ma tâche qui, depuis Césarée, me semblait raisonnable m’apparut sous une tout autre lumière. Qui étais-je, moi, Paul, pour prétendre changer le cours des choses et apporter la Bonne Nouvelle qui doit ébranler les fondements mêmes de cet Empire orgueilleux? Le sentiment de ma faiblesse menaçait de me submerger, quand le Seigneur me rejoignit dans ma détresse. Il murmura à mon âme les mots qui apaisent, ces mots entendus tant de fois déjà: «C’est dans ta faiblesse que ma puissance se manifeste!». Je jetai alors un regard neuf sur les splendeurs de la cité et je compris que même l’orgueilleuse force romaine n’était rien face à la puissance du Christ. Je vous salue mes frères.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – juillet-août 2014

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