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150 ans de journalisme évangélique, 150 ans de journalisme sans concession

Le 5 janvier 2022, le Christianisme Aujourd’hui fête ses 150 ans. A la pointe de l’actualité chrétienne, protestante et évangélique, depuis 1872, cette publication reste une voix qui interpelle la société aussi bien que les chrétiens. Cette année sera l’occasion de découvrir son histoire et sa raison d’être. Anniversaire.
Benjamin Calmant

Le Christianisme Aujourd’hui fête donc ses 150 ans… ou presque. Le magazine que vous tenez entre les mains est né d’une fusion entre deux titres: Christianisme au 21e siècle et L’Avènement. Fondé par Emile Doumergue, le premier s’appelait d’ailleurs Christianisme au 19e siècle avant cela et pour cause, c’est le 5 janvier 1872 que ce journal a sorti sa première édition (photo). Avant de changer de nom au début du siècle suivant - devenant Christianisme au 20e siècle - puis encore au début de celui d’après. D’ailleurs jusqu’à récemment les membres de la rédaction pensions que le périodique datait de 1871, mais c’est bien l’année suivante qu’est paru son premier numéro.
A quoi ressemblait le monde en 1872? A quoi ressemblait la France, berceau de naissance du journal mais aussi l’Eglise réformée, bassin de culture du journal? Car oui, en 1872, le 19e, comme on l’appelait dans les colonnes, était un hebdomadaire in-folio. Il faut s’imaginer une grande feuille A2 pliée en deux.

Naissance dans la douleur

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Revenons à 1872. La guerre franco-prussienne vient de se terminer et l’Hexagone a perdu un morceau de son territoire. La France perd près d’un tiers de sa population protestante car géographiquement, la Réforme s’était largement installée aux portes de l’Allemagne et de la Suisse. De 850 000 membres, le nombre de protestants passe à 580 000. C’est un drame pour le pays, un défi pour la communauté protestante.
1872, c’est aussi l’année du synode des Eglises réformées. Cette année-là marque le pic de la tension entre les libéraux et les conservateurs, que l’on nomme les évangéliques. Des tensions doctrinales sont apparues dans les années précédentes et les plus orthodoxes des protestants veulent imposer aux libéraux une «déclaration de foi» sans laquelle le ministère ne sera pas possible. Cette décision, finalement votée, mènera la branche libérale à se désolidariser du mouvement. De cette date et pendant des décennies, il existera plusieurs corps de protestants entre les évangéliques (conservateurs) et les libéraux. Et c’est donc au tout début de cette année que va se créer un journal d’information qui se positionne comme évangélique. La situation est tendue, dans le monde et dans les Eglises.

Une information libre…

Dès son premier numéro, en une, colonne de ce que l’on appellerait aujourd’hui l’éditorial, la rédaction s’affirme: «Nous sommes des libéraux chrétiens. Dieu a créé l’homme libre. La liberté est le premier fait humain que constate l’histoire chrétienne. La liberté, la liberté de conscience, de la pensée et des résolutions intérieures de l’âme, est donc, pour l’homme, un fait primitif et de volonté divine.»
Et c’est peu de l’écrire! La liberté et particulièrement la liberté de conscience, de culte et de religion, sera le feuilleton de ce journal. De numéro en numéro, il y aura quasi systématiquement des articles qui traiteront des enjeux de la liberté de conscience pour les protestants évangéliques. Les habitués de la version actuelle du Christianisme Aujourd’hui ou du site d’information en continu Evangeliques.info reconnaîtront là peut-être l’ADN de notre groupe de presse, même 150 ans après.
La liberté religieuse était au cœur du contenu du journal, au cœur de sa déclaration de mission et c’est toujours le cas. D’ailleurs, dix ans après la fondation du journal, les deux principaux contributeurs et colonnes de soutien du ministère de la presse écrite, les pasteurs Benjamin Couve et Gustave Meyer, déclarent être des «partisans résolus de l’indépendance de l’Eglise», de son autonomie et de sa liberté.
Au cœur des tensions de ce monde et dans l’Eglise, alors que les libertés sont incertaines et que tout peut basculer d’un instant à l’autre, le journal Christianisme au 19e siècle s’impose comme le porte-parole des préoccupations évangéliques et des évangéliques. Toute ressemblance avec notre situation est pleinement assumée.

… et indépendante!

La cause était noble et hautement spirituelle, mais il fallait aussi garder les pieds sur terre. Le journal, et c’est toujours le cas, était indépendant d’une Eglise même s’il était sous-titré «Journal de l’Eglise réformée de France». Indépendante et autonome, cette presse existait sous forme d’entreprise par souscription. Autrement dit, c’était l’équivalent d’une SARL ou SA de notre époque. Les actionnaires possédaient des parts de l’entreprise et le ticket d’entrée était de 500 francs, soit environ 1500 euros ou francs suisses aujourd’hui.
Le fait qu’il s’agisse d’une entreprise et non d’un ministère soutenu et financé par une institutions religieuse, impliquait un second impératif. Après l’impératif de la vérité à proclamer via la presse, il était question de survivre économiquement. Et de tout temps, cela n’a pas été une route pavée de facilité.
On remarquera très régulièrement et particulièrement en début d’année, des appels insistants au réabonnement mais aussi aux dons. En 1874 apparaît la publicité. La rédaction l’annonce d’ailleurs dès la une, avant l’éditorial et après une litanie de bonnes résolutions de début d’année: «Une dernière recommandation nous sera-t-elle permise? Nous avons décidé d’accepter des annonces religieuses, bibliographiques et autres». Tout est dans le «et autre». Car l’une des publicités les plus récurrentes, du moins au début de la publication, c’est une promotion pour un chauffage moderne! Retenons que dès la troisième année de fonctionnement, le journal ne peut se passer d’une source de revenu supplémentaire: la réclame. Et c’est toujours vrai aujourd’hui.

Une presse évangélique

150 ans, c’est la période durant laquelle une presse protestante, évangélique, professionnelle et de qualité a été rendue disponible par le sacrifice et l’acharnement de chrétiens convaincus par la cause à défendre. Le travail de ces personnes est récompensé par l’estime qu’ils reçoivent, mais aussi par le soutien financier direct, par vos abonnements et vos dons, à cette même presse que vous lisez aujourd’hui.
Merci à nos lecteurs, annonceurs et donateurs, fidèles depuis 150 ans par générations interposées parfois. Nous souhaitons que ce magazine vous survive encore 150 ans de plus. D’ici là, nous sommes fiers de vous proposer, dans les prochains numéros du Christianisme Aujourd’hui, un florilège des engagements de la presse protestante de ces dernières décennies. Et tenez-vous bien, quelques surprises vous attendent. 

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Janvier 2022

Dossier: 150 ans

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