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Prière du ventre de la mort

Publicité La nuit était totale. Il ne savait pas s’il avait les yeux ouverts ou fermés. Mais ce qui était certain, c’est qu’il ne distinguait rien autour de lui. Il ne pouvait pas bouger. Il était enserré de tous côtés par une sorte de membrane gluante et humide, douce…
Pierre-Yves Zwahlen

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La nuit était totale. Il ne savait pas s’il avait les yeux ouverts ou fermés. Mais ce qui était certain, c’est qu’il ne distinguait rien autour de lui. Il ne pouvait pas bouger. Il était enserré de tous côtés par une sorte de membrane gluante et humide, douce et élastique qui entravait ses mouvements, l’empêchait de se libérer, de se relever ou même de s’asseoir. Où était-il ? Dans le ventre de sa mère ? Il lui semblait percevoir des sons doux et des mouvements lents autour de lui. Était-il enfermé dans une matrice géante et allait-il naître à la vie dans quelques instants ? Qui était-il ? Il ne se souvenait de rien, juste d’une frayeur intense puis d’un grand trou noir.
Peu à peu, des bribes de mémoire lui revinrent. Une tempête, des marins vociférant, des vagues terribles ; puis, sans transition, un soleil intense, l’appel de Dieu : «Va à Ninive, la grande ville!», sa fuite vers Tarsis. Jonas, c’était son nom ! Il était prophète de l’Éternel, il avait désobéi et pour le punir, on l’avait jeté à la mer !
C’était donc ça, la mort ! Une éternité de silence et d’obscurité. Mille vies à attendre sans que jamais rien ne se produise.
–CREDIT–
Un mouvement brutal de l’enveloppe qui l’enserrait plia son corps en deux. La pression sur sa peau augmenta rendant sa respiration plus difficile encore. Il suffoquait, une sueur aigre l’enveloppa, des frissons le secouèrent. La découverte qu’il fit alors le terrifia. Il n’était pas mort. Il était prisonnier quelque part au fond de l’océan. Peut-être un monstre marin, un poisson géant l’avait-il englouti après que les marins l’avaient jeté à l’eau ? Il allait mourir là, digéré comme une vulgaire proie, sans jamais revoir la lumière du jour, sans ami. «Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Dans l’angoisse qui m’étreint, je t’implore. Réponds-moi ! Du ventre de la mort, je t’appelle au secours. Entends ma voix !»
Mais pourquoi Dieu s’intéresserait-il à lui ? Pourquoi serait-il fidèle alors qu’il lui avait sciemment désobéi ? Était-il possible que Dieu le ramène à la vie ? Était-ce imaginable que sa vocation lui soit rendue et qu’il ose aller à Ninive ? Pour l’heure, c’est sur lui que ce jugement
était tombé ! Comment pourrait-il être prophète alors qu’il vivait dans la révolte
et l’insoumission ? Les gens de Ninive étaient moins coupables que lui, eux qui péchaient, mais sans connaître Dieu. Mais Seigneur si tu voulais me pardonner,
me sauver de cette mort, j’irais à Ninive…
Pierre-Yves Zwahlen

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Septembre 2008

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