Comme chaque année à la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence, le premier week-end de mars est consacré à un grand rendez-vous théologique. Cette année le thème était «Protestantisme et libertés», sujet vaste et divers puisque les différentes conférences portaient aussi bien sur la prédestination que sur la place du chrétien en société.
L’éducation protestante a été le sujet de la conférence de Luc Bussière, président de l’Association des Établissements Scolaires Protestants Évangéliques en Francophonie, là aussi d’une actualité brûlante dans une société laïque et sécularisée.
«Ce sujet tombe juste à un moment où tous les regards se portent sur les élections présidentielles», précise Paul Wells, professeur de la FLTR. «On a pu voir ainsi comment la pensée de Luther et de Calvin a contribué à la démocratisation de leurs sociétés. Les pays catholiques ont dû attendre des mouvements révolutionnaires violents pour y arriver!»
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Calvin précurseur du capitalisme
Un thème vaste mais complet puisqu’il fut ainsi abordé des «sujets de société» délicats comme la justice sociale ou l’économie. On rappellera d’ailleurs que le capitalisme prit en grande partie son essor grâce au calvinisme qui n’avait pas le même rapport à l’argent que le catholicisme. «Cependant, le capitalisme n’est pas le revers de la médaille de l’influence protestante sur la démocratie. Calvin avait déjà prononcé plusieurs restrictions contre l’ultralibéralisme. Les historiens l’oublient souvent», rappelle le professeur Wells.

Georgina Dufoix magistrale
Le moment le plus attendu et aussi le plus apprécié selon beaucoup d’auditeurs a été la conférence publique de Georgina Dufoix. L’ancienne ministre et femme politique chevronnée, a discouru sur «le protestantisme et la liberté de conscience». «Sa conférence a été une vraie contribution à nos débats», explique Paul Wells, «car elle nous a donné un témoignage concret et pratique sur l’exercice du pouvoir, tout en rappelant comment sa foi personnelle l’a aidée à surmonter les difficultés de la vie politique.»
On assiste donc à un changement en douceur des thématiques abordées lors de ces carrefours théologiques. Les sujets d’éthiques pures ou de bioéthique laissent progressivement la place à des sujets plus politiques ou du moins plus sociétaux. Comme si, après avoir réussi à intéresser les protestants aux débats actuels, la FLTR cherchait à les ouvrir aux grands problèmes sociaux.
Xavier Tracol

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Avril 2007

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