Ce jour-là, le comte Nicolas Von Zinzendorf entre dans une galerie d’art de Düsseldorf, en Allemagne. Agé de 19 ans, il effectue un voyage d’études pour parfaire son éducation. Ce jour-là, une œuvre le fascine: Ecce Homo (Voici l’Homme) du peintre italien Domenico Fetti. Le Christ, yeux baissés, couronné d’épines, affiche sa sérénité en une souffrance qui serait muette sans cette phrase au bas du tableau: «Tout cela, je l’ai fait pour toi; et toi que fais-tu pour moi?»
L’aristocrate aime Dieu, lit la Bible et chante des cantiques… Mais est-ce suffisant face au sacrifice du Christ? Il prie alors Dieu de lui accorder un zèle engagé en «communion de ses souffrances». C’est ainsi qu’il va consacrer sa vie et sa fortune à rassembler les croyants. L’Agneau immolé aperçu dans le tableau devient le fondement des activités du comte et le symbole de la communauté qu’il fonde: les Frères Moraves. L’influence de ces chrétiens piétistes accueillis sur sa terre de Saxe s’étendra sur le continent américain, en Afrique du Sud et jusque parmi les Aborigènes d’Australie.
Une représentation artistique peut ainsi être source d’approfondissement dans la relation d’un homme avec Dieu. Dans les années 1980, un chef-d’œuvre a aussi troublé un prélat hollandais, Henri Nouwen. Celui-ci raconte comment le Retour du fils prodigue de Rembrandt l’a renouvelé spirituellement, lui permettant de retrouver un sens à sa vie. «Je suis émerveillé de voir jusqu’où Rembrandt m’a conduit», constate-t-il. Les artistes cités sont certes classiques. Mais toute œuvre inspirée de Dieu, même moderne, peut toucher des vies, par-delà la simple émotion.

Michel Béghin

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – mai 2013

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