Une vitrine festive pour les réformés
Les réformés vaudois veulent réaffirmer la présence de leur Église dans la société, donc rafraîchir aussi son image publique. Le F-festival, du 8 au 10 juin prochain à Crêt-Bérard, aura pour mission de tordre le cou au cliché du protestant austère et difficile à dérider. Pour relooker une traditionnelle fête d’Église, le concept festivalier, plus chaleureux, plus ouvert, paraissait idéal. «Cette volonté de sortir des sentiers battus mérite un véritable coup de chapeau», commente Éric Jaffrain, expert en marketing non-marchand et organisateur du Forum évangélique de
Vennes l’an dernier.
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Différents ateliers (entre autres louange, danses yiddish, gospel) seront proposés aux participants du F-festival. Mais c’est surtout la présence d’artistes et de chanteurs qui devrait attirer le public: Michel Boujenah, José Barrense-Dias et Le Quatuor. De plus, l’appel du pied à la jeune génération semble évident quand Jérémie Kisling figure parmi les invités. Peut-être y a-t-il également le désir de rejoindre les évangéliques avec le groupe Exo?
Pour le volet «foi», différentes conférences et tables rondes sur l’implication de l’Église dans la société ponctueront le week-end. Avec toutes les précautions du monde, les organisateurs précisent toutefois que le festival «ne sera en aucune manière prosélyte».
Fête de la foi ou fête toute seule?
En analysant le programme, Éric Jaffrain relève un côté très culturel: «Les réformés ne fêtent pas la foi, ils font la fête! Que viennent faire Michel Boujenah et José Barrense-Dias dans un festival d’Église?». Tout en remarquant que la foi sera bel et bien présente dans les ateliers et conférences, il relève que l’attraction principale du rassemblement sera les spectacles. De son côté, Pierre Bader, pasteur de la paroisse de Corseaux-Corsier, salue l’aspect communautaire positif que peut susciter ce festival, tout en émettant une réserve: «Certains vont se demander ce qu’ils font là.»
L’an dernier, la rencontre du Forum évangélique à Vennes s’est conclue sur un bilan mitigé en raison du concept festif qui a eu peu d’écho dans le milieu évangélique, celui-ci préférant les rassemblements spirituels. À l’inverse, le F-festival cible mieux son public, les réformés ayant peut-être plus la fibre
socialisante.
Fidèles à leur légendaire prudence, les Vaudois attendent d’avoir vu pour se prononcer. Pierre Bader ajoute: «Sur Vevey, on a même renoncé au culte du dimanche matin pour aller à Crêt-Bérard. On se réjouit de voir ce que cela va donner?!»
Rebecca Piaget
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Mars 2007
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