Une si longue attente
J’aurais pu ne pas le voir, passer à côté de lui dans la
foule, croiser son regard sans m’y attarder, sans le
reconnaître. J’aurais pu, après l’avoir attendu tant
d’années, rater ce rendez-vous du destin.
C’était pourtant un jour comme les autres. J’étais assis
sous le portique de Salomon, dans ce lieu ombragé où j’ai
mes habitudes. Je regardais passer la foule, scrutant les visages,
observant le port de tête, la courbure des épaules, la
fierté de la démarche. Je poursuivais ma quête inlassablement.
Mes yeux étaient usés à force de chercher, d’observer,
de regarder. Mes oreilles étaient saoules des messages
enflammés, des cris des prédicateurs, des lamentations
plaintives des rabbins de toutes sortes qui se pressaient en
ce lieu et chantaient la gloire improbable d’un Royaume
à venir. Ma foi aussi était usée. Peu à peu, elle s’était racornie
au fond de mon âme, repliée sur elle-même, recroquevillée
sur une espérance qui brûlait pourtant encore,
comme un lumignon fumant, là, tout au fond.
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