«Smalltown Boy», Bronski Beat
Accompagné à sa sortie en 1984 par un clip vidéo quasiment autobiographique du chanteur Jimmy Somerville, le tube «Smalltown Boy» raconte l’histoire d’un homosexuel qui grandit dans une petite ville industrielle de Grande Bretagne. Ce morceau d’électro-pop fut peut-être le premier titre à succès à aborder avec réalisme le vécu de nombreux gays, alors que précédemment, l’homosexualité dans le showbiz ou les médias était surtout abordée sur le ton de l’humour ou du glamour. Steve Bronski, un des trois auteurs et cofondateur du groupe Bronski Beat, est mort le mois dernier.
A l’époque de sa sortie, la chanson ouvrait la porte sur une réalité peu abordée dans la pop culture auparavant: l’homophobie. Dans le texte et dans le clip vidéo, elle décrit le vécu de l’homosexuel qui se cherche, mais qui affronte la solitude due à sa différence, ainsi que les brimades, la violence et les ragots: «Ils ont tout fait pour te blesser, pour chercher à te faire pleurer.» Pire encore, elle évoque la réalité fréquente du rejet familial: «L’amour dont tu as besoin, tu ne le trouveras jamais chez toi.» La vidéo est touchante par sa représentation réaliste d’un jeune homosexuel en quête d’amour et de reconnaissance, ni monstre pervers, ni objet de spectacle.
L’approche sensible et pleine de compassion de ce titre nous interroge quant à notre propre attitude envers l’injustice subie par certaines personnes en raison de leur orientation sexuelle. La chanson ne peut manquer de nous interpeller si nous sommes préoccupés par l’injustice (comme devrait l’être tout chrétien), car elle situe l’homophobie sur le terrain de la violence perpétrée par les forts sur les vulnérables. Elle nous invite à réfléchir à l’incapacité fréquente des êtres humains à aimer les personnes différentes sans forcément approuver leurs choix de vie ou partager leurs opinions. Bien entendu, ce genre de questionnement dépasse la seule thématique de l’homosexualité et concerne beaucoup d’autres domaines de la vie et de la société.
Par-dessus tout, si nous voulons aborder cette question en chrétiens, elle nous invite à imiter Jésus qui, sans complaisance, savait néanmoins considérer les individus qu’il rencontrait comme des personnes dignes de respect, d’accueil et d’amour, au-delà de leurs comportements, de leurs opinions, de leur statut social et des complexités de leur existence.
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Tôt le matin, tu t’en vas avec
tes affaires dans une petite valise noire
Seul sur le quai de la gare
Le vent et la pluie contre
ton visage triste et solitaire
Ta mère ne comprendra jamais
pourquoi tu dois partir
Mais les réponses que tu cherches
tu ne les trouveras jamais chez toi
L’amour dont tu as besoin
tu ne le trouveras jamais chez toi
Sauve-toi, change de voie
Sauve-toi, détourne-toi
Sauve-toi, change de voie
Sauve-toi, détourne-toi
Malmené et maltraité
Toujours solitaire
C’est de toi qu’ils parlent
dans toute la ville
pour t’humilier
Ils ont tout fait pour te blesser
pour chercher à te faire pleurer
Mais tu n’as jamais pleuré devant eux
Seulement ton âme voyait tes larmes
Pleure, mon gars, pleure
Pleure, mon gars, pleure