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Une jeunesse éternelle (Hugues Not)

La chronique mensuelle d'Hugues Not, qui jette un regard doux-amer sur le protestantisme et la société.
Hugues Not

Vivement le printemps et son renouveau qui redonne vie ! Vivement aussi ce temps où nous ne serons plus marqués par le temps, installés dans une éternelle jeunesse. Le syndrome de Peter Pan frappe tout le monde, le docteur Faust mondialise son élixir d’une seconde vie et Dorian Gray refait le portrait de chacun en offrant toutes les crèmes rajeunissantes possibles et imaginables. Aujourd’hui, la cosmétique est fébrile parce que la sénescence est bientôt vaincue. Le vieillissement n’est plus une fatalité. Le printemps pourrait être perpétuel.
Jean-Marc Lemaître (le maître ?), professeur à l’Institut de génomique fonctionnelle de Montpellier, rajeunit toutes les espérances. Il n’y aurait plus, selon lui, de point de non retour au vieillissement de la cellule. A partir des cellules usées d’un homme de 75 ans, il a créé des cellules souches neuves, capables de produire des cellules fonctionnelles de tous les types. On est désormais à la frontière de la vie éternelle. C’est en tout cas une avancée scientifique et biologique majeure qui permet d’envisager la réparation, voire la restauration des tissus et des organes de l’homme. Nous sommes ainsi entre la cure de jouvence et la potion d’immortalité. Tous les espoirs sont permis ! Certes, nous n’en sommes encore qu’au stade expérimental, mais d’ici une génération, la personne pourrait fabriquer elle-même, et d’elle-même, des cellules qui, après traitement d’affinage, de filtrage, de régénérescence, la rajeuniraient, la répareraient, la relanceraient. Et le cycle serait infini ! In fine, le vieillissement mis à mort. Enthousiasmant ! Sauf pour les caisses de retraite !
Face à ces informations au cœur même de la vie et de l’avenir, deux interprétations peuvent se heurter. D’une part, nous pourrions hurler aux sorciers qui manipulent la vie et dont les objectifs restent la gloire, la puissance, le pouvoir, et sans doute la volonté de faire un pied de nez à Dieu, aux dieux, puisque l’homme devient lui-même immortel et passe quasiment de l’humain au divin. Cette lecture prouve cependant le refus à la science de grandir l’homme et souhaite le maintenir à un niveau inférieur. D’autre part, sortant ou refusant une défensive instinctive et viscérale, il nous est possible de saluer ces prouesses, ces découvertes extraordinaires parce qu’elles semblent établir que la cellule humaine a déjà inscrit l’éternité dans ses «gênes». Ce qui, bibliquement, reste vérifiable. De plus, nous pourrions nous souvenir qu’au tout commencement, l’homme n’était pas destiné à mourir !
Alors que faire de pareilles nouvelles ? Espérer que le rêve devienne réalité ? Ou croire que l’on s’enfonce dans une idolâtrie de soi-même, et donc condamner ? On peut aussi imaginer que les progrès de la science témoignent de la grandeur de Dieu, ou faire de cette science une rivale à Dieu. C’est là un débat vieux comme le monde, qui revient sans cesse, comme le printemps !

Hugues Not

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Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – mars 2012

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