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«Sound of Freedom», un film enchaîné par sa polémique

© Allociné
Sorti au cinéma cet été, la dernière production d’Alejandro Monterverde fait débat en pleine gloire. En cause, son acteur principal et le personnage qu’il représente. Parti Pris.
Tiavina Kleber

«Un thriller librement inspiré de l’incroyable histoire vraie de Tim Ballard, un ancien agent fédéral étasunien qui se lance dans une opération de sauvetage de centaines d’enfants prisonniers de trafiquants sexuels», tel est l’argument du film «Sound of Freedom».

Un film qui fait du bénéfice sur ce qu’il dénonce

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Si le film se donne l’ambition de sensibiliser le grand public à l’exploitation sexuelle des enfants, cette œuvre réalisée par Alejandro Monteverde relève davantage d’un film à gros budget un peu long et surfait que d’un véritable support pour comprendre la réalité et la complexité du sujet. Alejandro Monteverde vend toutefois bien son film: «Savez-vous combien d’enfants disparaissent dans votre pays chaque année? Aux Etats-Unis, le chiffre est effrayant pour un pays qui se dit “en sécurité”. (…) Le film a suscité une conversation qui nous permettra de créer le changement», a-t-il confié à Christianisme Aujourd’hui.

«Sound of Freedom» a déjà amassé plus de 180 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis. Une partie des recettes va-t-elle être reversée pour la cause? La réponse du réalisateur n’est pas claire: «Je crois que oui…» balbutie-t-il avant de se lancer dans une nouvelle tirade sur l’importance de parler du sujet. «Sensibiliser au sujet est déjà la meilleure façon d’aider», martèle-t-il.

Une controverse qui tombe à plat

Les spectateurs de ce film sont-ils davantage sensibilisés à la cause des enfants esclaves sexuels que les spectateurs d’autres productions sur la même thématique? On peut en douter. Le dossier de presse du film démêle d’ailleurs la fiction de la réalité et reconnaît que certains éléments du film «ne représentent pas la majorité des cas» de traite d’êtres humains.

Cependant, ce n’est pas le contenu du film – dont nous laisserons l’appréciation à nos lecteurs – qui est au centre de la controverse. C’est bien plutôt l’affiliation politique qu’on lui prête et le succès qu’il rencontre sur certains réseaux sociaux aux tendances complotistes. En effet, Jim Caviezel, l’acteur principal du film (qui incarnait Jésus dans «La Passion du Christ» de Mel Gibson), est proche du mouvement QAnon (un mouvement conspirationniste d’extrême-droite aux Etats-Unis, ndlr). A cause de ces accusations, Alejandro Monteverde a dû défendre son film dans une tribune du Hollywood Reporter: «Tous ceux qui ont vu “Sound of Freedom” savent que le film n’est pas le moins du monde politique.»

«Les enfants de Dieu ne sont pas à vendre»

Une réplique déjà culte du film ferait pourtant un très bon slogan politique: «Les enfants de Dieu ne sont pas à vendre!» Celle-ci est prononcée par le personnage principal, Tim Ballard; fort de cette nouvelle popularité, le vrai Tim Ballard gagnerait à en prendre note alors qu’il a récemment annoncé vouloir se présenter aux élections du Congrès aux Etats-Unis, sous les couleurs du parti républicain.

Une nouvelle que ne commentera pas Alejandro Monteverde, malgré le sujet politique qu’il aborde dans son film: «Je fuis la politique. Cela passionne beaucoup de gens. Cela divise. Je préfère garder mes opinions pour moi lorsque j’en ai. Les conversations passionnées au sujet de la politique ne font parfois que ruiner des dîners.» Les conversations enflammées autour de «Sound of Freedom» ont toutefois été inévitables.

Pour couronner le tout, un scandale sexuel

Après les événements relatés dans le film, l’ex-agent fédéral avait fondé en 2013 l’ONG Operation Underground Railroad (OUR), destinée à sauver les enfants victimes de la traite d’êtres humains des réseaux de trafic. Il a finalement démissionné de l’organisation en juin 2023, après avoir été accusé de comportements sexuels inappropriés par cinq femmes. Questionnée par une journaliste de Motherboard, OUR a confirmé: «ll s’est séparé définitivement de l’OUR. L’ONG se consacre à la lutte contre les abus sexuels et ne tolère aucun harcèlement sexuel (…) au sein de son organisation.»

A ce stade, la Justice suit son cours. «Je prie et j’espère que ce sont de fausses accusations», déclare Alejandro Monteverde, «mais jusqu’ici je n’en sais pas plus. Ce que je sais de Tim Ballard, c’est que notre collaboration a été excellente, et j’admire ce qu’il fait pour tous ces enfants.»

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Décembre 2023

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