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Vous avez dit dignité?

L'édito de l'édition d'octobre
David Métreau

L e choix des mots n’est jamais neutre et certaines expressions ont pour vocation d’adoucir, d’euphémiser la réalité, le débat. C’est le cas de «mourir dans la dignité» qui ne signifie rien de moins que de mourir par euthanasie ou suicide assisté, selon les activistes qui les promeuvent. Comme si le fait de s’approcher de la fin de sa vie, dans la douleur physique et morale, dans la maladie et le handicap était «indigne». Comme si la seule dignité résidait dans le fait d’être en bonne santé, en pleine forme, utile, solvable et actif pour la société.

Cette confiscation du mot dignité se retrouve dans le nom même des associations pro- euthanasie telles que l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) en France ou l’organisation suisse de suicide assisté Dignitas. Cette dernière participe d’ailleurs à un lobbying intense dans les pays étrangers pour qu’ils changent leur législation en la matière, rapporte Swissinfo. Et cela avec succès en Autriche, par exemple, puisque depuis janvier les personnes souffrant de maladies incurables peuvent choisir le suicide assisté dans le pays alpin. Une décision de la Cour constitutionnelle qui trouve son origine dans un recours déposé par Dignitas.

En comptant la Suisse et donc l’Autriche, dix pays autorisent aujourd’hui le suicide assisté. L’euthanasie active directe est, elle, autorisée aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Belgique, au Canada, en Espagne et en Colombie depuis le mois de mai. La France pourrait rejoindre ce club des pays du «droit à la mort» avec la mise en œuvre d’une loi sur l’euthanasie en 2023 si l’on croit cette promesse faite par Emmanuel Macron à Jean-Luc Romero, président d’honneur de l’ADMD début septembre lors de la remise de la Grand-Croix de la Légion d’honneur à Line Renaud.

Fin août, la chanteuse et actrice de 94 ans - proche du couple présidentiel - s’exprimait ainsi dans une tribune en faveur de l’euthanasie: «Pourquoi vouloir rester jusqu’au bout quand vous savez que vous êtes condamné? Pourquoi endurer une cruelle agonie quand la mort peut vous délivrer d’une vie qui n’est plus qu’une survie douloureuse sans espoir de guérison?»

Pardonnez-moi d’être ironique sur un sujet aussi sérieux mais j’ai un scoop pour Madame Renaud: la souffrance fait partie de la vie. Et si elle reste un mystère - que l’on soit croyant ou non, nous sommes tous logés à la même enseigne - cette souffrance est là dès la naissance et ce jusqu’à la mort. «Pourquoi endurer une telle agonie qu’est la vie?», pourrait plaider le dépressif. «Pourquoi endurer une cruelle agonie qu’est la vie seul?», pourrait demander le célibataire contraint. «Pourquoi endurer une cruelle agonie qu’est la vieillesse?» pourrait se questionner la personne âgée (note au passage: on est tous plus âgé qu’un autre).

Et de ne proposer comme seul recours que la mort. «J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité», déclare Dieu en Deut. 30, 19. C’est en lui qu’est la vraie dignité, celle qui permet de prendre soin du malade, de l’affligé, de la veuve et du paralysé.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Octobre 2022

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