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Quand les crises éveillent la foi

© GettyImages
Alors que les débâcles de toutes sortes s’enchaînent, on pourrait présager un monde sans espoir. Mais c’est une tendance inverse qui s’observe...
Holger Wetjen

Un retour du sacré: c’est ce à quoi on assiste depuis quelques années, selon le sociologue Michel Maffesoli. En effet, d’après ce professeur émérite à l’université Paris-Sorbonne, ce phénomène est dû à une «soif de la progressivité», à une «évolution sur la base de la tradition».

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Marqueurs générationnels

Il faut dire que la réalité de 2024 est loin de celle de 1970: il y a une cinquantaine d’années, le monde vivait les «Trente Glorieuses», le miracle économique d’après-guerre. En France, tout se construit alors dans une perspective de sécurité matérielle, de renommée sociale et de symboles de statut. La ligne était claire: il fallait travailler toute sa vie, quarante heures par semaine, dans un métier existant et reconnu par la Sécurité sociale. Changer de voie était mal perçu et les résultats se mesuraient en monnaie courante, en surplus économique.

Les générations nées après 1975 ont vécu une réalité tout autre, marquée par la chute de l’URSS, les attentats du 11 septembre 2001 et de Charlie Hebdo. Cette réalité, c’est aussi celle des nombreuses crises économiques et des records de chômage qui ont ponctué la fin du 20e siècle et le début du suivant, des crises écologiques et sanitaires, pour n’en citer que quelques types. Le tout se trouve condensé, accéléré par des médias dont l’évolution n’a fait qu’empirer le sentiment d’instabilité, voire de «fin du monde». De là le contraste avec les générations de 1950, qui se reflète aussi dans le monde religieux.

Dans un entretien avec La Croix en mars 2023, Bernard Vivier a révélé que les jeunes générations sont peu présentes dans les manifestations qui concernent les réformes des retraites. Le directeur de l’Institut supérieur du travail en conclut que cette tranche d’âge n’est plus attirée par les structures hiérarchisées que sont les syndicats et les partis politiques, mais bien plus par les réseaux sociaux, les référendums d’initiative citoyenne ou les engagements à durée déterminée. Selon lui, cette mutation s’opère «au risque de se soumettre à la dictature de l’émotion et de l’instant».

Des crises utiles

Le déclin de l’Occident s’observe avant tout dans le pouvoir d’achat: les salaires stagnent, les offres emplois s’amenuisent et les jeunes ne peuvent plus disposer d’un appartement, des meubles ou d’une voiture. Par effet de vases communicants, la décadence va de pair avec un retour du sacré. Les crises sont ainsi salvatrices, puisqu’elles poussent l’être humain à sa métamorphose, à la remise en question. Le mystère de Pâques et de la résurrection de Jésus-Christ n’est crédible que pour celui qui prend conscience que nous ne pouvons pas appréhender la réalité des choses.

Tout comme la chenille qui devient un papillon, l’homme sait qu’il porte en lui une potentialité indestructible. C’est l’amour, contenu dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ, la métamorphose ultime. A la fin de l’Evangile de Jean, Marie est certaine de la résurrection de Jésus. Elle n’a pas besoin de preuves et l’embrasse en l’appelant «Rabbouni!»: «Mon cher maître!» Plus tard, Jésus déclarera heureux ceux qui ne l’ont pas vu et qui ont tout de même cru (Jn. 20, 29). Aujourd’hui, celles et ceux qui retournent à Dieu renouvellent ce geste d’amour de Marie qui embrasse Jésus ressuscité.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Mars 2024

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