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Prenons des forces, car le chemin est trop long pour nous

David Métreau rédacteur en chef
© Shubham Shri
L'édito de l'édition d'avril 2022.
David Métreau

Les nouvelles de ces dernières semaines ne sont pas très réjouissantes, n’est-ce pas? Entre la guerre en Ukraine, les menaces thermonucléaires, les réminiscences du covid en Corée, l’avènement des délires transhumanistes, l’envolée du prix des matières premières, les risques d’émeutes de la faim au Moyen-Orient et en Afrique ou encore ces civils qui continuent de souffrir dans des conflits oubliés en République Démocratique du Congo ou au Yémen…

Trois attitudes face au mal

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Face à la laideur du mal, on adopte souvent trois attitudes inconscientes, parfois simultanément, tantôt successivement. Tout d’abord ce mal peut faire peur et c’est tout à fait naturel. Mais cette peur peut tétaniser, paralyser et même rendre le géant plus grand encore qu’il ne l’est en réalité. Elle annihile toute volonté; la peur devient une idole, un totem. Elle a une emprise sur la personne qui y succombe comme le roi Théoden dans Le Seigneur des Anneaux de J. R. R. Tolkien: «Tout est fichu, chacun pour soi et Dieu pour tous.»

La deuxième attitude est celle de l’autruche: la tête dans le sable pour ne rien voir. On évite ainsi la peur et la réalité qu’il faut traiter, analyser et qui incitent à agir en conséquence. «Je ne lis pas le journal, de toute façon ce ne sont que des mauvaises nouvelles ou des mensonges. Moins j’en sais, mieux je me porte!»

La troisième attitude peut sembler plus modérée, équilibrée, mais elle est sûrement la plus pernicieuse. C’est celle qui consiste à regarder la vérité en face et donc la vérité de ce mal et de ce monde rempli de péché, mais avec un filtre de couleur qui embellit cette réalité, la lisse voire la relativise. «Oui il y a la guerre, mais regarde, c’est formidable toute cette générosité.» Ou encore: «Ne t’en fais pas, tout va bien se passer.» Des lunettes de soleil feel good avec lesquelles le ciel est toujours bleu. Pourtant le mal existe, il suffit de regarder la télévision pendant cinq minutes pour le constater. Et je le répète, face à cet état de fait, l’angoisse est naturelle. Jésus lui-même l’a éprouvée, jusqu’à suer des grumeaux de sang la veille de sa crucifixion. Si on relativise le mal, on relativise aussi d’une certaine manière la portée du plus grand miracle de l’univers, la mort et la résurrection de Jésus et la grâce de Dieu qui en découle, source de salut pour tous les hommes.

Levons-nous et mangeons

Face à ces temps troublés, un ami pasteur qui se reconnaîtra sûrement m’a glissé: «On ne peut pas dire: tout ira bien demain. Tout est incertain. Il faut savoir regarder la réalité en face.» Et il a rappelé l’attitude de l’ange auprès du prophète Elie en 1 Rois 19. En effet, alors en proie à l’épuisement et au découragement, l’ange ne lui a pas donné des paroles de réconfort et d’apaisement, ni embellit la réalité. Il lui a dit: «Lève-toi, mange, car le chemin est trop long pour toi.» Et Elie se leva, mangea et but et il marcha pendant quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu. En ces temps incertains, levons-nous et mangeons. Nous aurons besoin de forces pour la longue route.

David Métreau, rédacteur en chef

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Avril 2022

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