Péril dans le Royaume (1)
Arthur poussa délicatement la cloison qui lui permettait d’entrer dans le bureau de l’archange Michael. Il espérait tant que le grand messager des Maîtres ne serait pas là! Il risqua un œil prudent dans la pièce faiblement éclairée par la lumière du soir. Personne! Le bureau était vide, la voie libre. Il se glissa à l’extérieur de l’armoire, dans laquelle le passage oublié débouchait, et se dirigea sans hésiter vers l’immense armoire murale qui occupait tout un côté de la pièce. Il l’ouvrit précautionneusement. Rien n’avait changé depuis sa dernière visite. Il regarda perplexe les piles de dossiers, de rapports, les alignements de procès-verbaux, se demandant où chercher, par où commencer. Alors qu’il tendait la main, un peu au hasard, vers une pile de feuillets, une voix le fit sursauter: «Tu cherches quelque chose?»
Arthur se retourna d’un bond. Son cœur battait la chamade, ses jambes flageolaient. Il vit, enfoncé dans un fauteuil, un curieux personnage qui le regardait avec un air profondément amusé. Il était petit, son ventre proéminent lui donnait l’allure d’une barrique, mais surtout, il était vêtu d’une incroyable tunique aux dégradés de rose et de mauve sur laquelle il avait négligemment noué une improbable écharpe vert pomme. «Ariel! Tu m’as fait peur!», fit Arthur visiblement soulagé de ne pas se retrouver face à l’imposant archange.
– Que fais-tu là, Arthur? Je croyais que tu ne devais plus revenir!
– C’est un cas de force majeure!
– Panne de café, peut-être?, demanda Ariel d’un ton taquin.
– Pire que ça!
– Pire que plus de café? Georges s’est converti au thé?
– Ne sois pas aussi superficiel, Ariel. C’est beaucoup plus grave, la foi est en train de s’éteindre sur la Terre.
– Et en quoi ça te concerne?
– Mais enfin, Ariel, c’est du Royaume que l’on parle, de la gloire des Pères. Il faut faire quelque chose.
– Et tu penses trouver la solution dans cette armoire?
– J’espérais y trouver au moins les causes de cette perte de foi. Quand on connaît le mal, on peut plus facilement le combattre. Quand j’aurai trouvé, je demanderai aux Pères de me laisser retourner sur la Terre pour parler aux hommes. Qui mieux que moi pourrait les convaincre?
− Qui, en effet?, répondit Ariel avec dans la voix un doute profond et pas mal d’ironie. Mais il me semble que le Fils a déjà traité cette question dans une de ses petites histoires que tu aimes tant. Mais je suis d’accord de te donner un coup de main. Ecoute-moi. Je crois connaître les racines du mal qui t’inquiète tant!
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