Nouvel album pour un «Break»
Raconter des histoires est un art qui se pratique depuis la nuit des temps. Un art qui se perpétue encore aujourd’hui par le biais de la musique et notamment du rap, l’une des disciplines du hip-hop (avec le graffiti, la danse, le beatbox et le djing) qui compte dans ses rangs quelques-uns des meilleurs conteurs de la planète.
Si les Américains sont les pionniers de ce genre (Slick Rick, OutKast, Ice Cube, Scarface), les francophones ne sont pas en reste. De Médine avec sa série de morceaux «Enfant du destin» à Laylow et son univers très cinématographique, nos contrées sont riches en storytellers. Et parmi ceux-là, Meak marque clairement sa différence par sa foi assumée et sa volonté de faire vivre un voyage à ses auditeurs. «Je suis plus un communicant qu’un rappeur. Ma passion première c’est d’expliquer les choses, c’est une sorte d’obsession, et raconter des histoires, c’est un bon moyen pour me faire comprendre.»
Un art de haut niveau
Publicité
Avec pas moins de six albums, deux mixtapes et un podcast musical en collaboration avec la chaîne imagoDei, l’auteur, compositeur et interprète francilien a habitué son public à du haut niveau en termes d’écriture et de storytelling. Son dernier projet en date intitulé «Break» sorti le 19 mai 2023 en est la preuve. Au fil des seize morceaux qui composent l’album, l’artiste invite l’auditeur à faire littéralement un bout de route avec lui. «J’aime bien les noms d’albums qui ont plein de sens. Break, c’est un modèle de véhicule. Break, ça veut dire faire une pause. Break, c’est également le point de rupture, je casse un peu les codes, j’essaie de déconstruire les choses.»
Le morceau introductif plante le décor. A bord de la voiture de Meak, l’auditeur prend conscience que chaque instant de vie est source d’inspiration. L’artiste y dévoile une partie du processus créatif.Ainsi, un simple jingle publicitaire entendu à la radio se transforme en un morceau sur le pardon («Tente-le») et une rencontre fortuite avec un policier inspire un morceau parlant des abus spirituels («Le loup»).
«Entre chaque morceau il y a des interludes, j’ouvre la fenêtre, je passe à la station essence, je reçois un message… J’ai vraiment envie que l’auditeur se rende compte que c’est le quotidien qui m’inspire. C’est un voyage en voiture qui peut complètement créer un album.» Qu’il parle de racisme («Les carnets de Suzie»), de l’industrie musicale («Voiture noire») ou encore des violences conjugales («Violent»), Meak interpelle et laisse place à la réflexion personnelle.
A l’ère du streaming où la musique est devenue un consommable au même titre qu’un fast-food, «Break» a une saveur particulière et nous propose de prendre le temps de l’écoute et de l’analyse. Assurément l’un des projets phares de cette année 2023.
Aurélien Fortin
