Nothing Compares 2 U, Sinéad O’Connor
Décédée en juillet à cinquante-six ans, la chanteuse irlandaise Sinéad O’Connor nous laisse le souvenir d’une artiste torturée. Sa sensibilité, sa colère contre l’injustice, son refus des conventions sociales et son obsession pour la spiritualité et la religion interpellent. Ayant rejeté la religiosité chrétienne de son enfance, elle a exploré les croyances rastafariennes et l’islam. Mais le christianisme et la Bible sont restés des constantes tout au long de sa carrière.
L’album «The Lion and the Cobra» cite le Psaume 91 qui reviendra quelques années plus tard dans l’intitulé d’un album compilation. La plupart de ses disques mentionnent des textes bibliques, et même évoquent le nom de Jésus en bénédiction. Sur le double album «Theology», elle reprend plusieurs textes de l’Ancien Testament, dont: «Du fond du gouffre, je fais appel à toi, Eternel!» (Ps. 130) Cet appel résonne de manière poignante, compte tenu de la lutte menée par la chanteuse contre la maladie mentale durant toute sa vie.
Le titre qui l’a rendue mondialement célèbre n’est pas aussi empreint de connotations bibliques. «Nothing Compares 2 U» (Rien n’est comparable à toi), écrit à l’origine par le chanteur Prince, évoque le désespoir d’une personne qui a perdu l’amour de sa vie. Elle compte les heures depuis son départ, ressassant le moment où elle a commis l’erreur qui l’a fait fuir. Elle admet qu’elle ferait tout pour une seconde chance.
Cette chanson décrit avec une justesse étonnante la vacuité de la liberté si elle n’est pas ancrée dans la relation avec l’être aimé. «Depuis que tu es parti, je peux faire tout ce que je veux. Je peux sortir avec qui je veux. Mais rien, absolument rien n’est comparable à toi.» De même, toute liberté ne trouve son sens que dans le contexte d’une relation avec celui qui a inventé le concept de la liberté: Dieu lui-même.