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Mpox: les chrétiens appelés à s’informer et à se mobiliser

© Youtube
l’OMS a déclenché son plus haut degré d’alerte sanitaire concernant la hausse de cas de mpox en Afrique. Une maladie «de la honte» contre laquelle les chrétiens sont invités à lutter.
David Métreau

La forte progression de cas de Mpox (anciennement appelée variole du singe) en Afrique a poussé l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à déclencher son plus haut degré d’alerte sanitaire mondiale le 14 août. La République démocratique du Congo –  qui a recensé 20 000 cas et 600 décès depuis le début de l’année – et les pays d’Afrique de l’Est comme le Burundi, le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda sont les pays les plus touchés par cette maladie infectieuse, qui se caractérise notamment par une éruption cutanée.

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Des missionnaires en première ligne

«En tant que chrétiens, nous devrions nous en préoccuper et chercher à garantir que les pauvres et les vulnérables soient protégés, (…) c’est une question de justice», exhorte Steve Fouch, de Christian Medical Fellowship, un ministère britannique invitant les médecins, infirmières et sages-femmes chrétiens à vivre pour Jésus-Christ et parler de lui. Interviewé par Premier, il demande aux chrétiens de prier pour les missionnaires travaillant dans les hôpitaux en Afrique et pour toutes les personnes risquant de contracter le virus, qui, selon lui, affecte inévitablement les plus vulnérables. «La vaccination est (…) une option, et je suppose que beaucoup de membres du personnel missionnaire pourront probablement se le permettre, ce qui n’est malheureusement pas le cas de la population locale.»

Comme lui, d’autres responsables d’organisations chrétiennes ont pris la parole pour encourager les chrétiens à s’informer, à lutter contre la maladie et à favoriser la vaccination. Ainsi, le 19 août, le pasteur sud-africain Jerry Pillay, secrétaire général du Conseil Œcuménique des Eglises (COE), appelait lui aussi les chrétiens à «s’informer, à communiquer des informations fiables au sujet de la flambée (de Mpox) et à agir contre la désinformation». Il a ajouté que les Eglises peuvent éduquer «les communautés en matière de prévention de la transmission du virus» et peuvent «prévenir la stigmatisation des personnes touchées».

Car très visible, mal compris par le public et souvent transmis par contact sexuel (mais aussi par contacts physiques usuels, même sans contacts intimes), le Mpox représente la maladie parfaite pour générer de la honte et de la peur dans les communautés où il se propage. Le fait que le Mpox soit associé à l’homosexualité –  à l’instar du sida – renforce encore le caractère tabou de la maladie. En effet, l’épidémie de Mpox – liée au clade 2b – qui a sévi en Europe en mai 2022 et a poussé l’OMS à la déclarer une première fois comme urgence de santé publique de portée internationale s’est principalement propagée dans la communauté homosexuelle, contaminant jusqu’à 100 000 personnes.

Les interventions de santé ne seront pas efficaces si la stigmatisation règne

La maladie s’est propagée de manière «extraordinaire» dans plus de 75 pays non endémiques (régions où la maladie n’existe pas en permanence) et se caractérisait par des éruptions cutanées plus localisées, souvent sur les zones génitales ou péri-anales, rapporte l’Institut Pasteur. Le nombre de cas a ensuite fortement diminué en 2023, avant une forte progression du nombre de cas en 2024, mais cette fois surtout lié au clade 1b issu de la souche dite «historique»; la transmission étant notamment faite par le contact avec de la viande de brousse ou du gibier contaminé.

«Les interventions de santé publique mises en place ne seront pas efficaces si la stigmatisation règne», explique à Christian Science Monitor le médecin Suudhi Bamutya, responsable des épidémies à la Croix-Rouge ougandaise. Il appelle en outre les communautés locales à participer activement aux campagnes éducatives sur la prévention, telles que le lavage des mains, la distanciation sociale et l’importance de consulter un médecin en cas de maladie. Comme le VIH avant lui, le virus se propage déjà au-delà des frontières de la région, transporté par les chauffeurs de camions sur de longues distances.

Un besoin d’empathie

Avec l’expérience des précédentes épidémies – coronavirus, Ebola et le VIH – «nous avons appris l’importance de l’empathie», souligne de son côté la docteure Pasquine Ogunsanya. Pour la fondatrice et directrice générale d’Alive Medical Services, une organisation ougandaise de la lutte contre le VIH/Sida, cela signifie «traiter nos patients avec amour et dignité, établir une communication claire et impliquer la communauté».

Jerry Pillay, sécrétaire général du COE, rappelle par ailleurs que les Eglises peuvent aussi agir dans le domaine des soins, en proposant notamment un soutien spirituel et psychosocial aux personnes affectées par le Mpox. Ainsi, selon le pasteur réformé, les Eglises peuvent aussi plaider «auprès des pays du Nord global pour un accès à leurs réserves de vaccins contre la variole simienne et leur utilisation dans les régions les plus touchées». Il appelle enfin à militer «et plaider en faveur de systèmes de santé opérationnels qui donnent accès à des soins de santé universels».

Les communautés chrétiennes en Afrique jouent également un rôle clé dans la diffusion des informations et dans la promotion de la prévention, signale Nkatha Njeru, directrice générale de la Plateforme des associations chrétiennes de santé africaines. Elle pointe l’importance de la surveillance continue et du partage d’informations fiables. «Nous continuons à surveiller la situation et à informer nos membres dans les trente pays africains où nous opérons.»

Un fardeau à partager

Pour le pasteur Jerry Pillay, le fardeau de la lutte contre cette maladie doit être partagé au niveau mondial afin que les difficultés engendrées soient «plus supportables et surmontables». «En nous soutenant les uns les autres, nous soutenons l’humanité et toute la Création», proclame-t-il.

De quoi parle-t-on?

Si le Mpox est le nom désormais privilégié par l’OMS depuis fin 2022 pour désigner le virus et la maladie qui lui est associé, on l’appelle encore fréquemment «variole du singe». Or ce n’est pas par les singes que cette zoonose, c’est-à-dire une maladie transmise de l’animal à l’humain, se transmet à l’humain, mais via des rongeurs.

Selon l’Institut Pasteur, la transmission du virus Mpox chez l’humain peut se faire de plusieurs manières, principalement par contact avec les lésions cutanées contenant des particules virales ou les muqueuses de personnes infectées. Elle se fait aussi par contact direct avec des animaux infectés ou de façon indirecte via des matériaux contaminés (comme la literie ou les surfaces). Enfin, cette transmission pourrait peut-être se faire également via les gouttelettes respiratoires d’une personne infectée.

Le Mpox est moins contagieux que la variole humaine – dont il est une forme atténuée – et entraîne une maladie plus bénigne. Les symptômes – syndrome fébrile puis éruptions cutanées – durent de deux à quatre semaines. La personne malade guérit en général spontanément.

Cependant, des complications peuvent survenir et mener à des formes graves de la maladie. Sa létalité – de 3 à 6% en 2022 concernant les épidémies en Afrique – est très dépendante de l’âge des patients (élevée chez les moins de cinq ans), de la présence d’un déficit immunitaire (infection par le VIH) et surtout de la qualité de la prise en charge hospitalière, précise l’Institut Pasteur.

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