Manque de vision
Mon Dieu, je ne comprends pas tes plans ! Alors que ton Eglise souffre sous la persécution des infidèles, qu’il est urgent que ta parole soit proclamée avec force, tu m’exiles en ce lieu désert ! Pourtant, il y a tant à faire ! Je suis l’un des derniers témoins de ta vie sur la terre, les frères ont besoin d’entendre ce que j’ai encore à leur dire. Je suis vieux, je sais que les jours de ma vie sont comptés, alors, je t’en supplie, Seigneur, ne les gaspille pas !
Depuis des semaines, j’arpente le sol aride de cette île perdue au milieu des mers. J’en ai fouillé du regard les moindres vallons, les moindres précipices. J’ai foulé ses grèves de mon pas hésitant, cherchant à fuir cette geôle stérile où je perds mes jours et mon espoir. J’use mes yeux fatigués à la recherche d’une voile qui me sauverait de cet exil. Mais mon espoir est toujours déçu.
Mon seul réconfort est la prière, les heures et les jours que je passe avec toi, dans la douceur de nos face-à-face. Mais Seigneur, dans quelques mois je serai peut-être dans ta gloire, alors n’est-ce pas terriblement égoïste de gaspiller ainsi ce temps précieux ?
J’ai laissé les frères d’Ephèse et de Pergame dans une situation douloureuse. Je me fais du souci pour ceux de Smyrne et de Thyatire. J’ai reçu un appel pressant de Sardes et de Philadelphie. Je suis sans nouvelles de Laodicée. Peut-être devrais-je leur écrire une lettre ? Mais les courriers sont incertains, ici à Patmos. Les bateaux sont rares. Cette île est une prison et Rome en garde les verrous. Je n’ai aucune certitude que mes éventuels courriers atteignent un jour leur destinataire. Tout serait tellement plus simple si j’étais libre de mes mouvements, si je pouvais moi-même leur rendre visite, les consoler, les encourager !
Comprends-moi, je ne me plains pas de mon sort ! Je suis prêt à mourir en martyre si c’est ce que tu veux de moi. Ce n’est pas pour moi, pour mon confort ou pour ma vie, que je m’inquiète, mais pour ton Eglise ! Partout, la persécution fait rage ! Partout, c’est l’Apocalypse ! Et moi, je reste là à ne rien faire !
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – octobre 2014
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