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Losing my Religion, R.E.M.

Ces Hits entrés dans l'histoire
Jonathan Hanley

Le chanteur de R.E.M., Michael Stipe, affirme que cette chanson ne concerne pas la religion. Ce serait simplement l’évocation d’un amour non-réciproque, ou plutôt des difficultés qui plombent les relations amoureuses. L’expression «losing my religion» serait utilisée dans certaines régions des Etats-Unis pour signifier «je suis au bout du rouleau» ou «je ne me contrôle plus».

Toutefois, à première écoute, le titre est trop explicite pour être interprété de manière aussi subtile: «En train de perdre ma religion». La plupart des auditeurs entendent ce refrain comme l’expression d’une perte de foi. Comme le tube d’AC/DC «Highway to Hell» (autoroute vers l’enfer), cette chanson de R.E.M. soulève la question de l’écart entre l’intention d’un artiste et l’interprétation de son œuvre par le public. On ne peut pas écouter ce texte sans y entendre le dépit de quelqu’un qui aurait aimé croire, mais y a renoncé en raison de la difficulté à percevoir l’intérêt et l’amour de l’autre personne: «Je fais tout mon possible… la distance dans tes yeux… oh non, j’en ai trop dit! Mais je n’en ai pas dit assez…»

Que la chanson soit une évocation des complexités de la communication amoureuse ou de la perplexité suscitée par la religion, elle exprime avec finesse le désarroi de l’être humain. Nous nous méprenons si facilement sur la perception que les autres ont de nous: «J’ai cru t’entendre rire. J’ai cru t’entendre chanter. Je pense que j’ai cru te voir essayer.» Après la remarque ironique de celui qui veut «garder un œil» sur la personne aimée, alors qu’il se sait «idiot blessé, perdu et aveugle», le pessimisme de cette chanson trouve son apogée dans la dernière strophe, où le chanteur constate l’illusion de ses espérances: «Essaie. Pleure. A quoi bon? Ce n’était qu’un rêve.»

Ce texte peut donc être entendu comme l’expression du renoncement à l’amour et au dialogue réel et intime. Qu’il s’agisse du sentiment amoureux ou de notre quête du divin, la communication semble impossible. Cela nous paraît d’autant plus désolant qu’il suffirait, semble dire le texte, que la personne aimée nous tende la main, ou nous adresse une vraie parole. Est-ce peut-être ce que voulait dire le Christ lorsqu’il terminait ses enseignements par «que celui qui a des oreilles pour entendre entende»?

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Losing my Religion de R.E.M.

La vie est bien plus grande,
Plus grande même que toi.
Et tu n’es pas moi.
Et je fais tout mon possible…
La distance dans tes yeux…
Oh non, j’en ai trop dit!
C’est à cause de moi.

C’est moi là-bas dans le coin.
C’est moi sous les feux de la rampe,
En train de perdre ma religion.
Je tente de rester à ta hauteur.
Je ne sais pas si j’en suis capable.
Oh non, j’en ai trop dit!
Mais je n’en ai pas dit assez.

J’ai cru t’entendre rire.
J’ai cru t’entendre chanter.
Je pense que j’ai cru te voir essayer.

Chaque murmure,
Chaque heure éveillé, je dois
Choisir mes confessions.
Je tente de garder un œil sur toi,
Comme un idiot blessé, perdu et aveugle.
Oh non, j’en ai trop dit!
C’est à cause de moi.

Considère cela.
Considère ça, c’est l’astuce du siècle,
Considère cela,
L’erreur qui devait me terrasser
A échoué.
Qu’en serait-il si tous ces fantasmes
Venaient nous hanter?
À présent, j’en ai trop dit.

Mais ce n’était qu’un rêve.
Essaie. Pleure. À quoi bon?
Ce n’était qu’un rêve.
Juste un rêve.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Juillet – Août 2022

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