Le Réveil de Genève, Jean Decorvet, Tim Grass, Kenneth J. Stewart, éd. HET-PRO

Premièrement édité en anglais chez Wipf and Stock aux Etats-Unis, Le Réveil de Genève, perspectives internationales vient d’être traduit et publié aux éditions HET-PRO. Il réunit un ensemble de contributions qui explorent les filiations et les répercussions internationales du Réveil de Genève. Ce mouvement, qui se développe dans le contexte particulier du 19e siècle, ne s’est pas cantonné aux frontières de la Suisse mais a laissé des traces durables en Europe et outre-Atlantique. Rayonnement dont témoignent bien les diverses origines des contributeurs de cet ouvrage.
Rigoureusement académiques en même temps qu’accessibles, leurs essais explorent de multiples aspects, enjeux et figures emblématiques du Réveil. Cet ensemble de points de vue parvient à brosser un portrait fidèle du Réveil de Genève, étape décisive de l’émergence d’un courant précurseur de l’identité évangélique au sein du protestantisme francophone.  

Jonathan Herment

Comment se libérer de son ego, Félix Moser, éd. Cabédita

«… avec l’apôtre Paul.» Puisque c’est en étudiant les lettres pauliniennes que Félix Moser, professeur émérite de la faculté de théologie de l’université de Neuchâtel (Suisse), entend libérer ses lecteurs de leur ego. On pourra trouver étrange, au premier abord, de s’appuyer sur celui qui exhortait ses lecteurs à suivre son exemple pour suivre Christ (1 Cor. 11, 11), mais c’est justement ce qui fait l’intérêt de cette étude.
L’ancien professeur de théologie commence donc par définir la notion d’ego et la raison pour laquelle Paul est un exemple pertinent pour son étude, avant de se lancer dans une démonstration intéressante. Un petit livre dense qui ravira toute personne désireuse de s’oublier un peu pour mieux devenir «un exemple». 

Le Dieu des bêtes, Fabrice Hadjadj, éd. Desclée de Brouwer

Le philosophe catholique Fabrice Hadjadj propose une «somme de zoothéologie»: une réflexion sur la place de l’animal dans la Bible. En effet, les animaux, présents dans une grande partie de nos expressions, ont aussi leur place dans le texte biblique et ils sont Création tout comme la femme et l’homme.
Voilà donc un bestiaire biblique qui consacre un chapitre à chaque animal. Sans manquer d’humour, Fabrice Hadjadj offre une lecture intéressante et pointue du texte biblique, en rendant aux animaux la place qu’ils occupaient dans l’arche de Noé. Une part belle, donc, est faite à ce règne dont nous faisons aussi partie. Dans cet ouvrage superbement édité, le philosophe a voulu appliquer ce verset: «Interroge les bêtes, elles t’instruiront» (Jb. 12, 7). Il n’a pas manqué son coup: les grands silencieux (quoiqu’ils caquètent, barrissent ou hurlent à la lune) du texte biblique ont paradoxalement beaucoup à dire… et à nous apprendre.  

Une Église en prière, Paul. E. Miller, éd. Vida

Traduit de l’anglais, Une Eglise en prière est un ouvrage d’environ 300 pages dont l’objectif est avant tout de promouvoir la vie de prière en communauté. Le livre suit un schéma étasunien «classique», avec ses anecdotes qui font la trame du livre, ses schémas et autres tableaux qui visent à résumer le propos de l’auteur, directeur exécutif de la mission de formation de disciples seeJesus Ministry.
Quoique parfois un peu schématique, le propos de Paul E. Miller est interpellant et ne manquera pas d’intéresser les responsables d’Eglises. Ce malgré le fait que l’ouvrage a tendance à globaliser un problème (la baisse de fréquentation des réunions de prière en Eglise) propre à la culture occidentale. En revanche, les clés qu’il propose demeurent édifiantes et ont le mérite de confronter les lecteurs à l’importance de la prière communautaire.  

Les Chrétiens et l’esclavage, Jean-Pierre Montembault, éd. Artège

Il peut être assez étrange de lire un ouvrage qui mêle un travail d’historien à celui d’un apologète. Dangereux, dira-t-on même. C’est toutefois l’objectif de ce petit livre de 150 pages: se faire le défenseur d’une Eglise catholique du Moyen-Âge souvent diabolisée par l’Histoire en montrant qu’elle s’est battue contre l’esclavage. L’auteur, enseignant d’histoire dans un lycée français et chroniqueur, adopte en effet un ton argumentatif pour ériger une histoire des liens entre le christianisme et l’esclavage.
«L’Eglise a fait beaucoup mieux que condamner l’esclavage: elle l’a fait disparaître», affirme Jean-Pierre Montembault. Une phrase choc, qui place l’Eglise au commencement et au centre de la lutte pour l’abolition, peut-être trop simpliste pour un processus aussi complexe. C’est ignorer, par exemple, que les jésuites ont participé activement à l’esclavage dans les colonies et c’est considérer que l’Eglise catholique constitue un ensemble homogène (en ignorant donc les quelques bulles pontificales qui autorisent l’asservissement). Un ouvrage qui a le mérite d’ouvrir la discussion et fondé sur de sérieux travaux, mais qui ne présente malheureusement qu’un point de vue.  

Pluralité religieuse et vérité révélée, Jean-Paul Barquon, éd. Empreinte

Le théologien et journaliste Jean-Paul Barquon s’attaque à l’épineuse question de la place des trois religions monothéistes dans la société contemporaine, en particulier française. Où placer le curseur entre l’exclusion intolérante et un édulcorant relativisme? Quelle place, aujourd’hui, pour les trois religions du livre dont la culture française est largement tributaire?
L’ambition de cette grande étude menée avec un immense soin est de trouver des «vérités religieuses» aujourd’hui cachées derrière un grand tas de préjugés, véhiculés par des groupes bruyants, certes, mais minoritaires. En effectuant ce travail, l’auteur espère pouvoir entamer un dialogue, non seulement interreligieux, mais entre les religions et le monde séculier. Un ouvrage dense qui ne manquera pas de modifier vos perspectives.

Devenir parent, Édith Tartar Goddet, éd. Mennonites

Sous-titré «un art qui s’apprend», ce petit ouvrage d’une soixantaine de pages n’a pas l’ambition d’être exhaustif (est-il seulement possible de l’être, sur ce sujet?) mais de proposer des pistes de réflexion aux parents, «pour les soutenir et les conforter dans leurs rôles auprès de leurs enfants». Le livre pourra également intéresser les grands-parents qui désirent mieux comprendre leurs petits-enfants. L’auteure de cet ouvrage, la psychologue clinicienne et psychosociologue Edith Tartar Goddet, propose surtout des «balises rassurantes» pour la vie quotidienne, afin d’accompagner chaque parent sur son chemin d’apprentissage continu. Un livre qui s’inscrit dans la suite de ses autres ouvrages sur l’accompagnement des enfants, mais avec une perspective chrétienne.
Divisé en deux grands chapitres eux-mêmes structurés en sous-parties de quelques pages, l’ouvrage plaira très certainement à ces parents qui peinent à trouver du temps pour lire. En effet, les pistes proposées par Edith Tartar Goddet sont pratiques, bien amenées et concises. Attentive aux changements sociétaux actuels, celle-ci décortique une société en pleine mutation afin d’aider les parents et grands-parents à déceler les besoins de leurs (petits-)enfants, qui baignent dans une culture radicalement différente de celle qu’ils ont connue à leurs âges.
Comment concevoir la notion d’autorité lorsque le «fais ce que je dis, pas ce que je fais» n’a aujourd’hui plus aucune valeur? Peut-on encore oser imaginer un cadre pour les enfants de la nouvelle génération? Est-il seulement possible de leur transmettre la foi et comment la communiquer? Autant de questions posées par un ouvrage qui ne prétend pas tout savoir, mais qui saura probablement aider son lecteur à «débroussailler les sentiers» de l’éducation, ou à en «créer de nouveaux».  

Matthieu Schmidt

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Janvier 2025

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