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Lettres à Théophile: «Honore les discrets!»

© GettyImages
Sur le modèle des Lettres de Paul, cette chronique met en scène un auteur (dont on ne connaît pas le nom) qui converse avec un certain Théophile (dont vous ne lirez jamais rien) sur des questions bibliques et divers sujets qui animent l’Eglise d’aujourd’hui.
Jonathan Herment

Puisque tu es aussi abonné à Christianisme Aujourd’hui, peut-être que tu as lu l’article de David Métreau concernant la «culture de l’honneur». On entend cette expression çà et là depuis quelque temps et d’après l’article, elle se définit comme une volonté de «soutenir l’autre dans les dons que Dieu lui a confiés». En pratique, celle-ci concerne souvent les responsables dans l’Eglise. Il s’agirait – comme le suggère le terme hébreu kavod, «honneur» – de «donner du poids» à leurs ministères ou leur service.

C’est un fait: notre société tend à contester l’autorité, dont les expressions sont souvent jugées abusives ou illégitimes. Nous devons reconnaître que cette mentalité se retrouve aussi dans nos Eglises et qu’elle complique la tâche des serviteurs dévoués au peuple de Dieu. L’épître aux Hébreux en témoigne, cette tendance n’est pas nouvelle: «Obéissez à vos responsables et soyez-leur soumis, car ils veillent sur vous et ils devront rendre compte de leur service à Dieu. S’ils peuvent le faire avec joie et non en se plaignant, cela sera à votre avantage» (Héb. 13, 17). Il y a en effet dans nos cœurs un penchant pour la révolte qui peut être mortel pour la vie de l’Eglise. C’est ce que suggère allégoriquement le sort du clan de Qoré, qui a contesté la légitimité de Moïse lors de l’Exode.

Mais je peine un peu avec cette notion de «culture de l’honneur». Il me semble qu’elle manque souvent son but et finit par renforcer une autre culture, qui mine nos communautés: le star-system. Les personnes «charismatiques» sont toujours plus honorées alors que les humbles sont maintenues dans l’ombre.

Pourtant, la Bible regorge d’exemples de témoins qui ont accepté d’être des parias aux yeux des hommes alors qu’ils étaient qualifiés par Dieu. Moïse n’a pas revendiqué son autorité. Jésus n’a pas retenu les disciples qui trouvaient sa parole «trop dure» (Jn. 6, 60); sans la belle confession de Pierre, il était aussi prêt à laisser aller les douze.

Donner du poids aux ministères ne devrait pas occulter les priorités de l’Evangile. Comme le rappelle Paul, ce sont les petits, les faibles et les déshérités qui sont les plus dignes d’être honorés: «Les parties du corps qui paraissent les plus faibles sont nécessaires. Celles que nous estimons le moins, nous les entourons d’un plus grand honneur. (…) Dieu a disposé le corps de manière à attribuer plus d’honneur à ce qui en manquait» (1 Cor. 12, 22-24).

Il y a peut-être ici la clé d’une «saine culture de l’honneur», fondée sur l’humilité et le service, qui sera en bénédiction à la vie de l’Eglise.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Février 2025

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