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Lettres à Théophile: la résurrection serait-elle un «plan B»?

© GettyImages
Tout ce qui est matériel est-il mauvais? Dans cette correspondance mensuelle entre un certain Théophile et l'auteur, étudiant en théologie, ce dernier vous propose diverses réflexions sur la Bible.
Jonathan Herment

Je te remercie pour ta précédente lettre. J’aimerais développer ta remarque sur le fait que l’on assimile souvent le matériel, le physique, à quelque chose de mauvais et le «spirituel», l’incorporel, à un état supérieur.

C’est en effet une conception récurrente dans l’Histoire: le corps serait une enveloppe dont il faudrait s’échapper pour s’approcher de la divinité et la matière et le monde ne seraient que des illusions. Il me semble que nous avons des affinités instinctives avec ce genre de croyances. Peut-être parce qu’elles mettent le doigt sur un malaise. Sur le fait que nous sentons, dans le monde et en nous-mêmes, que «quelque chose ne tourne pas rond». Ces influences, souvent inconscientes, pourraient être à l’origine des représentations dont je te parlais: si la matière et le corps sont mauvais, la vie de résurrection ne peut qu’être immatérielle et désincarnée.

Pourtant, la Parole nous indique un tout autre chemin: Dieu crée l’univers, les animaux et l’être humain. Une fois son œuvre achevée, Dieu remet, en quelque sorte, les clés de la création à ce dernier; posant un ultime regard sur ce qu’il a accompli, son appréciation est sans appel: «Dieu considéra tout ce qu’il avait créé: c’était très bon» (Gen. 1,31). Une parole qui ébranle des siècles de spéculations religieuses et philosophiques. Dieu crée le monde, Dieu façonne l’homme et il les déclare radicalement bons. Mieux encore, l’homme et la femme sont créés «à l’image de Dieu» (Gen. 1,27). Le mot utilisé pour image pourrait également se traduire «idole»; comme pour dire que les humains sont façonnés en des corps, afin d’être des représentants de Dieu vis-à-vis de la création.

C’est en se détournant de la voix de Dieu pour écouter celle du serpent que l’humanité a introduit le chaos dans le monde et en elle-même. Reporter sur le corps et la matière la responsabilité de nos malheurs est un repli désespéré. En s’incarnant en Jésus, Dieu nous a tendu la main. Sa résurrection est pour nous le signe que nous ne sommes pas abandonnés. Ses blessures, dans lesquelles Thomas a pu mettre ses doigts, nous montrent que si abîmée soit-elle, l’humanité peut être transfigurée.

La résurrection n’est pas un «plan B» par lequel Dieu laisse en arrière un monde détruit par l’ennemi. Au contraire, elle est la restauration de son Royaume sur Terre par sa victoire sur la mort. Victoire à laquelle on s’associe en acceptant humblement, au pied de la croix, la promesse de Salut adressée par Dieu aux êtres humains et à la Création. Jonathan Herment

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Janvier 2025

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